Ces bonnes surprises
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Beau titre, belle affiche, beau casting (Pierre Vaneck dans un rôle sur mesure, Marie-Josée Croze magnifique), "intrigue" intéressante sur le papier (un bobo pète un câble et renie son monde douillet, envoyant chier collègues, femme, enfants et amis pour tout plaquer et s'exiler dans la campagne irlandaise) ; Deux jours à tuer avait tout pour plaire. Le résultat est troublant car très inégal.
D'un côté, les acteurs sont impeccables (même si Dupontel n'était peut-être pas le meilleur choix pour ce rôle), ils récitent de bons dialogues (la parodie de la tirade des nez de Cyrano est ratée, mais l'engueulade de couple a une dimension théâtrale très belle, la scène avec l'auto-stoppeur est très réussie...), la mise en scène est sobre et efficace (l'Irlande est superbement filmée), et le spectateur pourra éprouver un plaisir un peu pervers à voir le personnage de Dupontel démolir les codes de la bourgeoisie et de ce que notre société a érigé comme norme du bonheur (un métier qui rapporte, une femme, deux enfants, rien qui dépasse) - la scène du repas entre amis, qui a nécessité trois jours de tournage, est une bonne illustration de l'expression "un chien dans un jeu de quilles" : Dupontel fait un tour de table et démolit tout et tout le monde, du confort bourgeois de ses amis qui pratiquent des prix prohibitifs dans leur métier au discours humanitaire hypocrite, en passant par la prétention des amateurs d'art contemporain et la sexualité de la bonne copine qui allume en permanence, jusqu'aux valeurs même de l'amitié. Un vrai massacre, qui se termine inévitablement aux poings.
De l'autre côté, ce jeu de massacre provoque un vrai malaise. Le personnage de Dupontel, avec lequel il est à peu près impossible d'être en ampathie, se montre véritablement odieux avec ses amis, cruel avec sa femme, méchant avec ses gosses. Une partie de moi jubilait de le voir démolir les codes d'un bonheur normatif pub et toc, une autre partie pensait au spectacle monstrueux de Funny Games, sauf que là je me demandais ce qui légitimait autant de violence.
Et c'est là qu'intervient le vrai problème du film : la motivation du personnage. Dans un twist scénaristique final complètement raté, on nous explique que ce personnage avait une bonne raison pour agir ainsi, genre alibi en béton. Dans ses interview promo, le réalisateur demande qu'on ne raconte pas la fin du film, comme si c'était une clé essentielle particulièrement originale et inattendue. Or, tout spectateur un brin dégourdi aura compris ce qui se tramait dans la première moitié du film (à la fin de la scène du dîner d'anniversaire), ce qui rend du coup insupportable l'explication finale très appuyée (en gros, j'ai eu le sentiment qu'on me prenait pour un con), d'autant plus maladroite qu'elle voudrait justifier et donc excuser un comportement globalement condamnable, dans sa forme tout du moins.
L'avant-dernier plan du film, sur le sourire mouillé de Marie-Josée Croze, résume à lui seul la faiblesse scénaristique de Deux jours à tuer : oui, l'idée est là et elle n'est pas inintéressante, mais fallait-il vraiment l'expliquer, la souligner à ce point ?
Créée
le 31 mai 2016
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