La Rochelle, 26 juin. Jour de mon anniversaire et de l'avant-première de Au revoir là-haut en présence d'Albert Dupontel. Lorsqu'il entre dans la salle à la fin de la projection, le public l'applaudit à feu nourri, puis se lève. Standing ovation méritée, tout comme les prix que ce film pourrait bien récolter l'an prochain, ainsi que le suggère le premier spectateur à prendre la parole lors d'un échange questions-réponses drôle et passionnant.


Lorsque viendra le temps des cérémonies, et pour peu que l'on aille piocher dans certaines catégories américaines, il faudra commencer par décerner toutes les récompenses techniques à Au revoir là-haut : meilleure musique (la B.O. est parfaite), meilleurs décors (la reconstitution est superbe), meilleurs costumes (rien que pour les masques, sublimes), meilleurs effets spéciaux - Dupontel, accompagné du responsable des effets numériques qui bosse avec lui depuis Enfermé dehors, n'a pas été avare en explications techniques sur les trucages et autres incrustations, et certaines étaient vraiment surprenantes tant la plupart des effets, loin des actuels blockbusters ricains qui nous vomissent leur overdose de vilaines images CGI à la tronche, sont invisibles, harmonieux, admirablement intégrés.


Je ne lui décernerais pas le prix de la meilleure photographie, car si j'ai trouvé son aspect un peu délavé assez cohérent avec l'époque pendant laquelle se déroule l'action, j'ai regretté que les couleurs manquent de piqué, de profondeur, et ne fassent pas parfaitement honneur aux décors, aux costumes, à la permanente débauche fantaisiste visuelle qu'offre Dupontel. Mais c'est le seul bémol que j'émettrai face à ce film par ailleurs parfait, drôle, émouvant, spectaculaire, poétique, toujours marqué par la patte et les influences de Dupontel (il y a encore du Gilliam là-dessous), mais aussi plus nuancé que ses précédentes œuvres, plus mature sans doute, plus maîtrisé dans le drame et la folie jubilatoire.


Dupontel, fébrile de la réaction des spectateurs, m'a parlé une fois sorti du cinéma, juste avant qu'on fasse ensemble le selfie qui constituera le plus chouette des cadeaux d'anniversaire, me confiant son anxiété quant à la carrière de son film qui ne sortira que dans quatre mois : doté d'un budget très largement supérieur à ses précédentes réalisations, il juge son entreprise - sortir un film d'époque adapté d'un succès de librairie - "suicidaire" (sic) et a besoin de remplir les salles. Il va sans doute passer quelques mois d'angoisse, à tort : il a pris un grand livre et en a fait un grand film. Sans conteste l'un des meilleurs de l'année.
Et parce que les vrais beaux films se font rares, tu iras le voir. Et tu seras heureux d'avoir fait le déplacement.

AlexandreAgnes
9
Écrit par

Créée

le 27 juin 2017

Critique lue 7.6K fois

53 j'aime

4 commentaires

Alex

Écrit par

Critique lue 7.6K fois

53
4

D'autres avis sur Au revoir là-haut

Au revoir là-haut
Subversion
4

Adieu

À vrai dire, je n'avais même pas envie d'écrire sur ce film, qui ne m'intéresse pas outre-mesure. Mais voyant une déferlante de critiques élogieuses, j'ai quand même eu envie d'apporter un...

le 28 oct. 2017

108 j'aime

21

Au revoir là-haut
Sergent_Pepper
6

Les rentiers de la gloire

Il a toujours été délicat de catégoriser de manière précise le cinéma d’Albert Dupontel. Si la comédie domine, le grotesque y côtoie souvent les grincements de la satire, et le baroque formaliste s’y...

le 3 nov. 2017

96 j'aime

14

Au revoir là-haut
EricDebarnot
5

Qu'est-ce qu'un grand film populaire en France ?

Qu'est-ce qu'un grand film populaire en France ? Pour essayer de répondre à cette difficile question, ignorons bien entendu les zillions de comédies bas du front qui ne méritent pas le titre de...

le 30 oct. 2017

77 j'aime

26

Du même critique

Au revoir là-haut
AlexandreAgnes
9

On dit décidément MONSIEUR Dupontel !

La Rochelle, 26 juin. Jour de mon anniversaire et de l'avant-première de Au revoir là-haut en présence d'Albert Dupontel. Lorsqu'il entre dans la salle à la fin de la projection, le public...

Par

le 27 juin 2017

53 j'aime

4

Mektoub, My Love : Canto uno
AlexandreAgnes
4

Si "le travelling est affaire de morale", ici le panoramique vertical est affaire de vice

Je n'accorde habituellement que très peu de crédit au vieux débat clivant qui oppose bêtement cinéma populaire et cinéma d'auteur (comme si les deux étaient deux genres définitivement distincts et...

Par

le 27 mars 2018

48 j'aime

19

Arès
AlexandreAgnes
6

Ne pas jeter bébé avec l'eau du bain

Voilà un long métrage qui, en apparence, accumule les défauts : une erreur monumentale dans le choix de la date dès le carton d'ouverture (l'action se situe dans un Paris post-apocalyptique...

Par

le 24 nov. 2016

43 j'aime