Sandra sort d'une dépression. Un vote a lieu sur le lieu de de son travail qui met en balance la suppression de son poste compensée par une prime pour ceux qui restent de 1 000 € ou bien le maintien de son poste en oubliant la prime. Elle perd son emploi, la majorité de ses collègues préférant la prime. Une de ses collègues supplie le directeur de refaire le vote, arguant d’irrégularités. Celui-ci accepte. Sandra a deux jours et une nuit pour convaincre 16 personnes de renoncer à l'argent.

Les frères Dardenne nous servent une soupe connue, ancrée dans une réalité sociale impliquant des héros fragiles. Grands amoureux des comédiens, ils concentrent leur attention sur Marion Cotillard qui incarne Sandra, entre deux eaux, au sortir d’une dépression, faible encore mais qui doit pourtant se battre. Ils nous parlent une nouvelle fois de chemin bordé d'épines, qui importe plus que la destination finale, de mort et de renaissance. L’accroche, l'idée, la structure est intéressante.

Là où le bât blesse, c'est au premier niveau de lecture, c'est-à-dire avec l'histoire que l'on reçoit brut de fonderie. Les collègues de Sandra ne sont pas développés. Normal me direz-vous, ils sont 16. Mais pire, ils ne sont pas crédibles. Je suis pourtant loin d'être un optimiste sur la nature humaine, mais rétorquer à une ancienne collègue, dépressive, les yeux dans les yeux, que l'on va choisir les 1 000 € pour acheter un écran plasma, avec le sourire et le cabas dans les mains, c'est faire preuve d'un manque de compassion atypique qui, additionné avec les scènes du même genre, relève plus du cynisme froid que de l'étude sociologique. Le systématisme des réactions face à la demande de Sandra de renoncer à la prime finit par lasser. Entre le "je peux pas, je dois refaire mes toilettes" des belges beaufs ou "je pouvais pas, mais maintenant que je te vois, je veux plus l'argent" des immigrés, on vire à l'idéologie démonstrative.

Ajouter à cela les moments peu glorieux où l'acteur doit jouer le mépris / les pleurs / la compassion en quelques secondes. Assaisonner de quelques deus ex machina brutaux. Et arroser le tout avec une prestation de Marion en demi-teinte, trop belle pour jouer une dépressive, impliquée quand même dans son rôle, mais qui souffre méchamment de la comparaison avec l'énergie d'une Rosetta ou l'émotion d'un Gamin au vélo, et vous obtenez un film tout à fait dispensable.
Llywel
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le 2 juin 2014

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