Le plus fidèle des fidèles des réalisateurs français était une nouvelle fois convié sur la Croisette pour, peut-être, enfin, obtenir la récompense suprême, passée maintes fois sous le nez. Pas de Michael Haneke en vue, ni gros de coup de cœur en compétition, la route semblait toute tracée. Jusqu’à la présentation discrète de Dheepan, terminé quelques heures auparavant. Un bon Audiard mais loin de rendre la critique unanime. L’espoir est diminué mais finalement confirmé, les frères Coen sacrent le cinéaste français. Alors cette palme d’or, a-t-elle finalement couronnée Dheepan, ou Jacques Audiard ?


 Accompagné de son faux nom et de sa fausse famille, Dheepan débarque en France dans une banlieue sensible de la région parisienne. Employé comme gardien d’immeuble, il est très vite confronté aux trafics et guerre de clans violents qui règnent aux pieds des tours. Yalini, celle qui s’est faite passée pour la femme de Dheepan fait quant à elle la rencontre de Brahim, un caïd de la cité qui réussit à l’attendrir alors que tout les sépare. C’est paradoxalement cette soudaine attirance amoureuse pour Brahim qui va rapprocher Yalini de son faux mari.

En définitive Dheepan est une belle histoire d’amour naissante et un combat pour le droit à la famille et à la liberté. Le récit d’une rédemption d’un homme ravagé par les guerres et les violences qui ont dévastés son pays.


 Il y a du cinéma dans *Dheepan*, le film est formellement virtuose. Mais pour ceux qui s’attendent à un film ancré sur son époque, évoquant le sort difficile des demandeurs d’asiles en France, y verront une escroquerie. Il est difficilement croyable qu’un cinéaste social comme Jacques Audiard évacue d’un seul cut toute question politique dans son film. Il faut voir avec quelle facilité déconcertante, le temps d’un fondu au noir, les réfugiés réussissent à entrer dans une Angleterre où les oiseaux chantent après avoir quitté une France dans un bain de sang. Sans parler de l’image calamiteuse qu’il donne à notre pays et à nos banlieues.  Rien n’est expliqué et c’est forcément décevant tant ce sujet inonde notre actualité aujourd’hui. La Palme d’or a définitivement été attribué à Jacques Audiard comme prix de consolation en vue d’une sélection cannoise bien pauvre.
JimAriz
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le 5 sept. 2015

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