Passé en quelques années de film-le-plus-attendu à film-le-plus-redouté, Die Hard 4 nous est arrivé avec fracas. Au sortir de la salle, époussetant la merde sur mes vêtements je me pose la question : " Pourquoi diable ont-ils appelé cette chose Die Hard ? "
Si ça s'était appelé "John Tartempion contre les Hackers" le film ne serait qu'un produit de divertissement foireux comme on en a vu des centaines... Au lieu de ça, les producteurs peu scrupuleux ont trouvé malin d'y apposer le Saint-Sceau.


Et pourtant, ça restait jouable... Le pitch permettait un discours sur la résurgence de vieux héros dans le paysage Hollywoodien, de confronter l'analogique au numérique, et par conséquent de faire de McClane l'ultime bastion d'un cinéma en perte de repères ! Mais non. On a droit à la sempiternelle réunion de famille houleuse à la guimauve fondue.


Qu'à cela ne tienne, Renny Harlin avait réussi le pari de faire un Die Hard bourin et dépourvu de neurones avec succès... Mais en faisant fi de l'héritage inestimable de la saga, Len Wiseman s'échine à concocter des scènes d'action maousses pour avoir de jolis plans dans sa bande annonce, au mépris du bon sens.


Pour commencer, John McClane agit par civisme : il prend les armes car il ne supporte pas qu'on fasse des video After Effects sur la destruction de la Maison Blanche ! Voilà une négation totale de l'esprit du personnage. Plus tard on apprendra carrément qu'il sait même piloter un hélicoptère...


C'est à ce moment qu'on me persiffle dans les oreilles : "Mais voyons, ne peux tu pas accepter un peu de transgression ? Ne peut-on pas réinventer John McClane ?"
S'il ne s'agissait que de trahison, passe encore, mais le résultat est quand même sacrément pourri...


Succombant aux standards du buddy-movie les plus éculés, on colle un gamin "geek" aux basques de l'inspecteur. Et n'attendez pas une quelconque alchimie entre les deux, ni de véritable progression, comme tel était le cas dans Die Hard 3. Leur relation n'évoluera pas d'un iota.


D'une manière générale le film est atrocement écrit. Pour apprécier les deux ou trois moments sympas, il est impératif d'oublier ce qui vient tout juste d'arriver. Par exemple la scène de combat suspendu à un 4x4 dans la cage d'ascenseur est bien foutue... Mais la meuf qu'affronte Bruce Willis vient de se manger ledit 4x4 dans le bide, et a traversé Dieu sait combien de murs, plus les portes d'ascenseur et elle devrait au minimum être paraplégique...


Ou encore, pire moment du film, Justin Long use de ses "talents d'acteur" pour convaincre une opératrice-sécurité-automobile de démarrer la voiture via internet... Pile le jour où Timothy Olyphant a foutu le réseau en l'air. Et ça marche.


C'est le film préféré des poissons rouges.


Mais ce qui me met le plus en dehors de moi, passé l'incompréhension manifeste du matériau de base, c'est cette propension à mettre Bruce Willis en danger pour aucune raison. Dans les épisodes précédents, quand McClane défiait la mort, les scénaristes prenaient soin de ne lui laisser aucune alternative.
Il DEVAIT se jeter du haut de la tour Nakatomi parce que sa retraite était coupée par le FBI et le toit allait péter... Il DEVAIT utiliser le siège éjectable parce que le cockpit était fermé et les grenades pleuvaient... Il DEVAIT monter sur son camion pour sortir par une bouche d'aération car sinon c'était la noyade...


Là, poursuivi par un F-35 à bord de son poids-lourd, il peut tout à fait sauter du véhicule, non ? Ah bah non on a déjà un saut de véhicule, plus tôt dans le film quand il a dégommé l'hélicoptère... Alors il va s'engager sur une bretelle d'autoroute qui monte en tourbillon, tout défoncer et sauter sur le dos du F-35 en feu avant de faire du toboggan pour s'échapper... Pourquoi ? Why ??


Je n'ai jamais cherché à voir la version uncut disponible en DVD, mais je ne pense pas que quelques effusions de sang et des gros mots puissent changer la donne. Par la suite, Len Wiseman s'est attaqué à Total Recall... S'il veut détruire tout ce qui m'est cher, grand bien lui en fasse, mais qu'il ne s'attende pas à ce que j'y aille.

mikeopuvty
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le 11 mars 2013

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Mike Öpuvty

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