De bons gros sentiments...

Avec son côté sympa « Discount » a des allures d’oursin car on ne sait trop comment le prendre. Tient-il de la comédie sociale aux principes légèrement « anar » qui veut que l’on puisse « voler un voleur », et laisse libre court à un viol gentillé de la morale ? Auquel cas, même si cela est critiquable, il y manque un vrai côté subversif et franchement réaliste. S’agit-il d’une comédie « bobo », un poil branchouille, prônant une solidarité un peu fictive, où tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil ? Ou tout simplement, « Discount » est une comédie dans l’air du temps, qui n’a pour seule ambition que de nous présenter la vie d’une poignée de personnes qui souffrent dans le quotidien, à qui il arrive, contre mauvaise fortune bon plan, une opportunité illusoire de se faire plaisir, plus encore de tenter de faire rayonner ce plaisir au plus grand nombre. Dans ce sens, on ne peut vraiment pas douter de la sincérité de Louis Julien Petit, servie par une belle brochette d’acteurs généreux, donnant au film un ton enjoué, légèrement tapageur, mais vraiment très plaisant. Alors certes cette vision générale un peu hydride, entre amertume doucereuse d’un Lucas Belvaux (« La raison du plus faible »), gravité désabusée d’une Fabienne Godet (« Sauf le respect que je vous dois »), nous fait regretter un manque d’ambition au point de vue scénario et de la mise en scène. Mais on retiendra surtout, quelques beaux personnages, aussi bienfaisants que féroces, qui veulent se donner des moyens d’une vie décente, laissant parler leur cœur bien avant leur raison, abondant dans le sens d’un Claude Levi-Strauss pour qui « un humanisme bien ordonné ne commence pas par soi-même, mais place la monde avant la vie, la vie avant l’homme et le respect des autres avant l’amour-propre ». Le sourire qu’échangent à la fin nos joyeux braqueurs est bien significatif…