Dr.Strangelove, ou comment j'ai appris à aimer Kubrick

Critique faisant partie de mon marathon Stanley Kubrick : http://www.senscritique.com/liste/Le_marathon_Kubrick/1227577


L'adaptation du roman de Peter George sur la possibilité d'un holocauste nucléaire durant la guerre froide entre les deux super-puissances URSS et USA est un chef d'oeuvre cinématographique. Bien plus qu'un simple film satirique, la 7ème oeuvre de Kubrick est un pamphlet anti-guerre révélant l'absurdité et l'incompétence des dirigeants politiques ou militaires (thème que le réalisateur avait déjà visité dans Paths of Glory). Tout le génie de Kubrick ressort dans ce long-métrage, notamment en faisant jouer à Petter Sellers trois rôles (Le docteur Strangelove, le président des USA et enfin l'officier Mandrake).
Au travers de petits détails, le film critique viscéralement de manière ironique l'armée américaine, le fameux Peace is our profession à l'intérieur du camp de l'aviation américaine en est l'illustration la plus drôle ou encore avec le personnage du général Ripper.


On voit derrière ce film le long travail d'information (il se serait abonné pour ce film à des revues militaires et scientifiques) du réalisateur américain. L'obsession d'une possible 3ème guerre mondiale hantait Stanley Kubrick à cette époque. Le film ne devait pas être à la base une satire, mais lors de l'écriture le réalisateur se rendra compte que d'approcher ce sujet à travers l'humour donnerait peut-être une puissance accrue au film.
Ce qui engendrera des personnages comme le Général Ripper, rempli de préjugés, qui paraît très sérieux dans son argumentation en utilisant des mots très compliqués "les fluides corporels" pour paraître réaliste alors que le pauvre bougre est dans une grande démence qui provoquera à la fin "la machine du jugement dernier" soviétique. Ce qui relève plus de l'humour noir c'est que le complot sur l'eau des fluides corporels dans le film était une rumeur existante à l'époque du film, et l'existence de la machine du jugement dernier fut étudié par l'URSS au début des années 1960. Kubrick n'utilise pas ces procédés de manière innocente.


L'approche sexuel est aussi omniprésente dans Dr.Strangelove, la seule femme présente dans le film est un objet sexuel. Le film commence par un ravitaillement d'un bombardier en plein vol par un autre avion qui est une allégorie du sexe là, tension sexuelle de l'avion qui atteindra son apogée avec l'orgasme de l'explosion nucléaire à la fin du film où le major kong chevauchant la bombe (encore une référence sexuel) et s'écrase sur la base russe de ..... Laputa (je pense que vous avez compris). Approché ce sujet si complexe était peut-être meilleur d'un point de vue humoristique avec l'évocation sexuelle (dont le réalisateur était devenu un professionnel avec Lolita)


Et puis que dire du Dr.Folamour, personnage éponyme du film. Là encore on peut rigoler énormément du personnage lorsqu'il s'exclame en criant "Mein Fuhrer, i can walk" ou encore le salut nazi que ce dernier n'arrive pas à refouler. Mais on sait aussi que les USA après la guerre avait récupéré des scientifiques nazis pour s'en servir avec l'opération Paperclip. Toujours sous couvert d'humour, Kubrick dévoile une satire pas si loin de la réalité qui nous oblige à rigoler. Mais à rigoler jaune de son humour noir.


Le burlesque et le suspense sont au rendez-vous dans cette oeuvre dénonçant l'absurdité de la guerre froide et le risque de ce possible anéantissement planétaire deux ans après la crise de Cuba entre les deux super-puissances.


Une véritable comédie explosive.



Gentlemen, you can’t fight in here! This is the War Room!
Dr. Strangelove, Or: How I Learned To Stop Worrying And Love The Bomb.


GustavoFring
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le 29 févr. 2016

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GustavoFring

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