S’il est encore un peu tôt pour retrouver l’esprit de Noël, l’envie de revoir Twice Upon a Time et le besoin de se repencher dessus se sont fait sentir en cette rentrée de septembre où la moindre miette de réconfort est bienvenue. 

Mais tout d’abord, pour celles et ceux qui seraient tombés sur cette critique par hasard sans savoir de quoi il en retourne, Doctor Who… de quoi s’agit-il ? De la série de science-fiction la plus longue de l’histoire de la télévision : commencée en 1963, elle suit le Doctor, un Seigneur du Temps ("Time Lord" en VO) de la planète Gallifrey qui voyage dans le temps et dans l’espace. "Comment cela est possible ?" vous enquériez vous certainement avec fougue. Outre le fait qu’il a à sa disposition un Tardis, un vaisseau qui prend la forme d’une cabine téléphonique des années 1960’s, le Doctor a la capacité  de se régénérer lorsqu’il est sur le point de trépasser. "En quoi consiste la régénération exactement ?" vous demandez vous sans doute maintenant : eh bien, elle permet à notre alien de renaître tel le phénix de ses cendres avec un nouveau visage, de sorte que le changement d’interprète fait partie intégrante de l’histoire (à la différence de James Bond, par exemple) et qu’une quinzaine d’acteurs figurent sur la short list des heureux (et heureuses) élus à avoir incarner le personnage.

Cette astuce scénaristique avait pour but de ne pas avoir à arrêter la série lorsque William Hartnell, le premier à avoir pris les commandes du Tardis, est tombé malade et se veut, des années plus tard, au cœur du traditionnel (précisons que ladite tradition a été initiée en 2005, alors que la série marquait son grand retour suite à une annulation en 1989 et un film US pour le moins chaotique de 1996) épisode de Noël de 2017, lequel met en vedette, non pas une, mais deux incarnations du personnage, à savoir celle de Peter Capaldi, douzième (ish) du nom, et celle (réinterprétée) du Doctor original, qui se retrouvent justement toutes deux en fin de vie au même moment (et pourtant cela n'empêche pas à cet épisode d'être particulièrement drôle, croyez moi !).

Comme vous pouvez vous en douter (ou non, après tout, et ce ne serait pas un mal) au vu des éléments de contexte présentés brièvement ci-avant, le Time lord a déjà eu l'occasion de se croiser par le passé (sans que cela vienne trop perturber la continuité de l'histoire, soyez rassurez), notamment à l'occasion des dix ans de la série avec l'épisode The Three Doctors ou encore dans The Day of the Doctor, quarante ans plus tard. Néanmoins, Twice Upon a Time se démarque des précédents cross over régénérationel car jamais deux incarnations du personnage aussi distantes dans la chronologie de la série ne s'étaient rencontrées jusqu'alors (on peut mentionner ici le sympathique Time Crash, au cours duquel Peter Davinson reprend son costume d’antan et croise le chemin de David Tenant alors détenteur du titre). Si nous nous risquions au jeu des métaphores, il pourrait être avancé que Twice Upon a Time est monté comme un ressort en ce qu’il repose sur une rencontre « grand écart », permettant à Capaldi, fan inconditionnel de Doctor Who depuis son plus jeune âge, de tirer sa révérence en remontant aux origines de la série.

Pour ce faire, le showrunner de l’époque (lui aussi sur le départ), Steven Moffat, fait appel à David Bradley pour se glisser une nouvelle fois dans les chaussures de William Hartnell après avoir incarner ce dernier dans An Adventure in Space and Time, qui retrace la genèse du programme. A noter que ce film-documentaire avait été écrit par Mark Gatiss qui prête ici ses traits à un parent du "Brigadier" Alistair Gordon Lethbridge-Stewart, un personnage récurent de la série classique, et qui, en tant que soldat de la Première Guerre Mondiale, va contribuer au décalage générationnel opposant ce militaire de la Grande Guerre, rapidement de mèche avec l’ancien Doctor, à la version moderne du Time Lord de Capaldi et sa compagne de l’époque, pas très marquante mais plutôt bien utilisée ici, Bill.

Sur le parcours de l’élastique, Murray Gold, le compositeur de la bande son de la série depuis son revival, y dépoussière certaines partitions en remettant au goût du jour plusieurs thèmes et arrangements musicaux des saisons précédentes, de quoi susciter quelques frissons, avant de porter le coup de grâce avec les notes de piano de Can’t I Rest?, au milieu des tranchées, le temps d'une trêve de Noël, et nous faire ses adieux (de relativement courte durée car il reprendra la baguette à l'occasion du retour de Russel T. Davies, celui-là même qui a ressuscité le show en 2005, en 2023) à son tour.

Bien qu'il s'agisse d'un épisode moins spectaculaire que ne l'ont pu être les sorties des précédents Doctor, Twice Upon a Time s'avère efficace dans sa simplicité et, à l’instar de The Day of the Doctor, dont le blason a été très largement redoré suite à la célébration des 60 ans de la série, soit dit en passant, donne une véritable impulsion en s’achevant avec l’introduction de Jodie Whitaker, première actrice ever à incarner le personnage iconique.

A l'heure où le futur de Doctor Who est incertain, il est bon de se tourner vers des épisodes tel que Twice Upon a Time, notamment pour mesurer à quel point Capaldi a su s'approprier le rôle et le faire évoluer le temps d'un run qui est pourtant loin d'être le plus réussi de la New Who mais qui mérite qu'on s'y replonge, encore et encore, pour retrouver ce Doctor flamboyant et touchant, incarné avec brio et panache ! 8/10 (et deux cœurs battants) !

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le 10 sept. 2025

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vic-cobb

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