12 hommes en colères, c’est le genre de films que notre prof de français nous oblige à visionner et que l’on ne savoure pas assez. Mon lycée étant fini depuis des années, je me suis à nouveau penché sur ce métrage réalisé par Sidney Lumet et sorti en 1957.
Le film met en scène la discussion de 12 jurés tirés au sort afin d’établir la culpabilité (ou non) d’un jeune homme immigré accusé d’un homicide. Si celui-ci est jugé coupable, il n’échappera pas à la peine de mort. Tout accuse le suspect et la discussion aurait pu être courte si l’un des douze jurés n’avait pas insisté pour ouvrir le débat sur l'existence d'un doute raisonnable quant à sa culpabilité.
La volonté est de proscrire le raisonnement trop rapide au profit d'une véritable réflexion.
12 hommes en colère est passionnant à bien des égards.
Sidnet Lunet a démontré tout son talent avec cette réalisation à huis clos. Une seule pièce de 20m² suffit à cet artiste pour nous captiver.
Il est en effet difficile de détourner le regard de l’écran pendant cette heure et demie tant Lunet joue avec les plans de sorte à ce que le film apporte une véritable valeur ajoutée à la pièce de théâtre homonyme dont il s’inspire. Les pièges propres à ce genre de réalisation sont évités avec brio.
Les comédiens livrent une performance remarquables ; nous faisant découvrir la personnalité de leur personnage par leur diction, leur vocabulaire ou encore les expressions de leurs visages…. Chacun des douze hommes est intéressant et représente un pan de la société américaine des années 50 dont le système judiciaire est déshumanisé.
Le talent des acteurs nous permet également d’apercevoir le changement de comportement des jurés tout au long de l'avancée du film : l’ennui, le fatalisme, la colère… illustration d’une humanité qui s’avère peu concernée par la question sociale. Cette palette de personnages est un grand atout du film et la variété de personnalités permet de donner de la profondeur à leurs discussions dont la richesse est le cœur du film.
Les dialogues constituent l’un des plus gros points forts du métrage. Les arguments sont amenés avec intelligence. Ceux-ci semblent évidents mais surprennent à chaque fois. A cela s’ajoute un vocabulaire et une construction de phrase adroitement choisie rendant un parfait hommage à son inspiration théâtrale
Si la réalisation permet de nous maintenir en haleine, le scénario inspiré de la pièce (et de la vie) de Reginald Rose y est également pour beaucoup.
L’écriture de 12 hommes en colère est une véritable leçon pour tous ceux qui veulent entreprendre la rédaction d’un scénario policier. Les indices sont révélés tout au long du film et sont amenés de façon à ce que la tension ne s’essouffle jamais sans qu’il y ait une accumulation de rebondissement faisant perdre la saveur de l’intrigue. Chaque nouvel élément est sujet à un débat argumenté.
Je ne me risquerais pas à parler de la critique concernant la peine de mort que l'on peut lire entre les lignes. Je ne suis pas sûr qu'il s'agissait de la volonté première de Lumet et ce n'est selon moi pas le plus pertinent de l'oeuvre. Cet aspect est d'ailleurs souvent cité pour en parler comme d'un film "faussement intelligent". Le métrage est bien assez riche pour lui pardonner cette morale traitée de façon très simpliste.
En bref, 12 hommes en colère va bien au-delà de la pièce de théâtre filmée, il s'agit d'un huis clos dynamique dont la qualité des dialogues est rare : un chef d’œuvre à visionner !