La justice possède sa propre mythologie. Au-delà des procès et criminels célèbres qui l’ont forgée, il y a tout l’univers des tribunaux avec ses protocoles, ses acteurs et ses symboles. Parmi tous ces éléments, il y a le jury et le mystère qui l’entoure : Le huis clos, la séquestration, le secret absolu, etc. Reginald Rose a eu la brillante idée d’inventer une cause et d’ignorer la règle en nous faisant spectateurs des délibérations. Que ce soit à la scène ou à l’écran son œuvre a le succès presqu’assuré tellement la structure dramatique et l’élaboration des personnages sont efficaces. Juste le fait qu’un individu réussisse à convaincre un à un les onze autres autour de la table suscite l’intérêt pour le film. Les douze hommes de nature et de condition très différentes contribuent tous à main-tenir la tension. Comme l’indique le titre, chacun émet en cours de débat une vague d’impatience face à la situation. Entre l’opinion tranchée émise avec virulence par le plus récalcitrant du groupe interprété par Lee J. Cobb et le calme désarmant de l’architecte bon et raisonné d’Henry Fonda, il y a chaque élément de preuve démantelé et chaque changement d’opinion des jurés qui ont tous un effet de rebondissement. Le cordage du scénario est bien visible mais le tout est habilement ficelé et rendu. Le huis clos est bien filmé et la mise en scène fait en sorte de conserver la théâtralité initiale de l’œuvre. Au final, chaque artisan associé au film peut en partie être reconnu coupable de son immense succès.