La justice possède sa propre mythologie. Au-delà des procès et criminels célèbres qui l’ont forgée, il y a tout l’univers des tribunaux avec ses protocoles, ses acteurs et ses symboles. Parmi tous ces éléments, il y a le jury et le mystère qui l’entoure : Le huis clos, la séquestration, le secret absolu, etc. Reginald Rose a eu la brillante idée d’inventer une cause et d’ignorer la règle en nous faisant spectateurs des délibérations. Que ce soit à la scène ou à l’écran son œuvre a le succès presqu’assuré tellement la structure dramatique et l’élaboration des personnages sont efficaces. Juste le fait qu’un individu réussisse à convaincre un à un les onze autres autour de la table suscite l’intérêt pour le film. Les douze hommes de nature et de condition très différentes contribuent tous à main-tenir la tension. Comme l’indique le titre, chacun émet en cours de débat une vague d’impatience face à la situation. Entre l’opinion tranchée émise avec virulence par le plus récalcitrant du groupe interprété par Lee J. Cobb et le calme désarmant de l’architecte bon et raisonné d’Henry Fonda, il y a chaque élément de preuve démantelé et chaque changement d’opinion des jurés qui ont tous un effet de rebondissement. Le cordage du scénario est bien visible mais le tout est habilement ficelé et rendu. Le huis clos est bien filmé et la mise en scène fait en sorte de conserver la théâtralité initiale de l’œuvre. Au final, chaque artisan associé au film peut en partie être reconnu coupable de son immense succès.

Elg
9
Écrit par

Créée

le 10 août 2019

Critique lue 132 fois

Elg

Écrit par

Critique lue 132 fois

D'autres avis sur Douze Hommes en colère

Douze Hommes en colère
socrate
9

Il n’y a pas de doute valable, la justice, c’est Fonda mental !

Rendons à César ce qui appartient à César : c’est Fonda le coupable du crime. Comment comprendre qu’il soit seul à estimer le jeune potentiellement non-coupable, alors que tout le désigne ? La raison...

le 18 mai 2013

330 j'aime

45

Douze Hommes en colère
Gand-Alf
10

Un coupable idéal.

Nom d'une galette au beurre, c'est-y que je viens d'arriver à ma millième critique ! Par Imogène, je me dois de marquer le coup, en m'attardant sur un classique indétrônable du cinéma, un film de...

le 12 nov. 2013

272 j'aime

24

Douze Hommes en colère
Grard-Rocher
9

Critique de Douze Hommes en colère par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Dans les années cinquante aux Etats-Unis, la cour d'un tribunal doit rendre son verdict à l'encontre d'un tout jeune homme accusé d'avoir tué de sang-froid son père. Les douze jurés vont délibérer...

183 j'aime

59

Du même critique

À tout prendre
Elg
8

Dans le courant

Voir ce film en connaissance de la fin tragique de Claude Jutra et de sa postérité ternie par des soupçons de pédophilie est plutôt troublant. Comme si notre élan d’appréciation pour le travail du...

Par

le 16 nov. 2020

3 j'aime

La Grande Évasion
Elg
7

La fausse évasion

Après Le vieil homme et la mer et Les sept mercenaires, voilà un autre film de John Sturges qui me laisse sur ma faim. À chaque fois le sujet ou la brochette d’acteurs à l’affiche avaient semé chez...

Par

le 3 nov. 2020

3 j'aime

1

Accattone
Elg
7

Sans pitié

Âpreté est le mot qui me reste à l’esprit après avoir visionné le premier long métrage de Pier Paolo Pasolini. Tout est rugueux, aride dans ce film : les décors, le propos, les dialogues. Il y a une...

Par

le 2 nov. 2019

3 j'aime