Ce n'est pas la taille qui compte pour le love-fuck

Ho la vache, que c'était mauvais.


L'intrigue est tellement pauvre... il manque clairement une structure solide : les auteurs semblent ne pas trop savoir de quoi ils veulent parler, toutes les 20 minutes, ils redistribuent les cartes. Du coup, la mise en place paraît infiniment longue. Et qu'est-ce qu'on s'ennuie ! On trouve de bonnes idées, mais les auteurs ne s'arrêtent jamais sur l'une d'entre elle pour l'approfondir, c'est comme un effet de zapping. Tout reste donc superficiel et c'est d'autant plus triste que les auteurs tentent de nous balancer des messages importants. Parce que le film, contrairement à ce que j'avais pu imaginer d'après la bande annonce, est très social.


Ce n'est pas inintéressant, j'insiste. Cette mini-ville, la manière dont elle est vendue, ça m'a fait penser à ces vieilles pubs des années 50 vendant le rêve américain. D'ailleurs les voitures de la ville, toutes identiques, rappellent furieusement cette époque où les familles n'avaient pas énormément de choix. L'auteur tente de décrire la société de manière plausible, amis c'est si mince, si peu approfondi qu'on doute clairement de la logique à laquelle nous sommes soumis. Ensuite, on passe à la périphérie avec un ton de plus en plus misérabiliste. Puis, on a droit à un message écolo, tellement gros qu'on dirait une grosse propagande de guerre froide. Puis on en revient au message social du début avec un petit côté égocentrique, parce que bon, au final, le plus important, c'est l'individu dans le temps présent et non pas la communauté dans le futur. Je peux comprendre ce point de vue, sincèrement, mais Payne fait tellement peu d'effort pour nous expliquer sa démarche que ça en devient de la pure propagande sans la moindre volonté de démontrer un point de vue : en d'autres termes, c'est idiot et trop facile.


Bon nombre de choses sont mises de côté : le côté mini, on s'en fiche complètement, parce que rares sont les passages où l'on peut vraiment comparer les deux sociétés. Au final, ça aurait pu se dérouler dans un autre pays, imaginaire ou non, que ça n'aurait rien changé à l'intrigue ; je ne comprends pas comment on peut se lancer dans un tel genre pour finalement ne rien en faire. Même en tant que toile de fond, ce n'est pas assez exploité ! Quelque part, ça m'a fait penser à "The descendants" qui n'exploite pas non plus assez son cadre, son sujet (ici c'est quand même pire il me semble).


Les personnages aussi, on s'en fout ; au-delà des caméos, ces nombreux seconds rôles n'ont que peu d'intérêt (même les acteurs s'ennuient, ils sont juste là pour faire acte de présence - je pense surtout à Waltz) ; même le personnage principal est à peine creusé, alors que son cas est intéressant (un pauvre type qui finit toujours pas être le larbin des autres, d'ailleurs la conclusion est assez triste pour lui puisqu'il se complaît dans cette soumission, mais je ne pense pas que ce soit vu de la sorte par les auteurs).


Les conflits sont très rares aussi. C'est en partie parce que tout va trop vite, qu'on ne s'étend sur rien : les rares obstacles sont vite franchis. Un truc tout bête aurait été de montrer la difficulté à être petit. Mais comme ce concept est à peine exploité (est-ce que la légèreté des êtres humains leur permet de survivre à des chutes vertigineuses?), ça paraît sans doute trop demander aux auteurs. Même le divorce, même la difficulté à se débarrasser de la Vietnamienne paraissent anecdotiques.


La mise en scène est correcte, quoiqu'un peu plate. M'enfin, au début, j'y croyais. Le côté scientifique avec la musique, ça m'a fait penser à ces films des années 90 ; malheureusement, cela s'arrête très vite, avec ce début qui n'en finit pas. Ce n'est pas mal filmé de manière générale, mais ça manque de rythme, de folie, d'audace et de confrontation entre les deux sociétés. Le montage est mou : c'est incroyable le nombre de fondus au noir qu'il y a dans ce film.


Les acteurs sont bons. Waltz et Kier auront réussi à m'arracher quelques rires, heureusement qu'ils sont dans ce film ! Les autres ne se débrouillent pas mal, mais n'ont pas vraiment l'occasion (ou ne la créent pas) de nous faire rire. La petite Vietnamienne est mignonne, mais sa manière de parler lasse assez vite et le côté larmoyant ne prend absolument pas.


Bref, ce n'est pas un bon film ; ce n'est pas un très mauvais film non plus, la mise en scène reste correct et on trouve assez d'idées pour ne pas s'ennuyer, mais l'exploitation est trop pauvre pour convaincre. Et au final, ce dont on retiendra le plus de ce film, c'est que Damon a vraiment une très grosse tête...

Fatpooper
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le 22 mars 2018

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Fatpooper

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