Dans un labo norvégien,des scientifiques écolo-fanatiques,pléonasme,trouvent la solution miracle au déclin de la planète:la miniaturisation des êtres humains.En réduisant les gens à des tailles de moins de vingt centimètres,on résoudrait évidemment tous les problèmes de consommation.Nous suivons alors le parcours de Paul Safranek,un ergothérapeute,qui comme beaucoup de personnes choisit cette option plus pour des motifs financiers qu'écologiques,car bien sûr les besoins et les dépenses diminuent eux aussi en proportion de la taille et permettent,même en disposant d'un capital limité,de vivre comme un nabab dans le monde des petits.Voilà un pitch complètement dingue mais bien dans le style toujours original d'Alexander Payne,ici producteur,réalisateur et scénariste.C'est techniquement impressionnant avec des effets d'échelle saisissants entre gens,objets ou bâtiments "normaux" et miniaturisés.C'est évidemment une fable utopiste car ce procédé,même s'il a probablement été étudié sérieusement par quelques apprentis sorciers transhumanistes,est irréalisable,en tout cas pour l'instant.Dans l'optique de sauver la Terre et dans le même ordre d'idée,la clé se trouve dans la dénatalité et la fin de la surpopulation,choses difficiles à mettre en place comme on l'a vu en Chine avec la politique de l'enfant unique.Mais le film se révèle être une passionnante approche des caractères et des mentalités humains confrontés à des choix cruciaux et totalement nouveaux.Franchement,qui serait assez cinglé pour se lancer dans un truc pareil?Renoncer à sa taille et à son mode de vie,c'est renoncer à être ce qu'on a toujours été,un humain.Parce que ces courageux volontaires sont parqués dans des zones dédiées,à l'écart du monde,et doivent bénéficier de transports spéciaux,parfois dans des boîtes pour se déplacer dans le monde réel et voir leurs proches restés normaux.Forcément,car ils sont devenus extrêmement vulnérables et risqueraient de se faire écrabouiller par inadvertance si quelqu'un leur marchait dessus.D'ailleurs,il est précisé dans le film que seulement trois pour cent de la population s'est livrée à cette transition,et encore c'est une évaluation optimiste.En fait,on s'ennuie ferme dans ce mini-univers et ce pauvre Safranek ,coupé de tous,y compris de sa femme qui lui joue un tour incroyable,doit se faire de nouveaux amis,ce qui est compliqué car la plupart de ses concitoyens sont fatalement des fadas avérés.C'est là que le film glisse dans un trou et se met à mouliner,précisément au moment où apparait une femme de ménage vietnamienne unijambiste qu'on a nanisée de force car elle s'opposait au régime de son pays.Inexplicablement Paul,qui est quand même un type très mou,va s'enticher de cette insupportable pipelette autoritaire et devenir en quelque sorte son esclave,avant qu'une bande de nains,dont le héros et sa nouvelle copine,parte en voyage au fin fond des fjords norvégiens,dans le village pionnier de l'expérience,là où tout a commencé.En fait tout ça,comme le reconnait le savant à l'origine du projet,n'a servi à rien car trop peu de gens ont adhéré à l'idée,tu m'étonnes,et il était de toute façon trop tard.Le film présente alors un regain d'intérêt avec un nouveau choix qui s'offre aux personnages:partir s'enterrer dans les entrailles de la planète où on a préparé de longue date une sorte d'abri anti-atomique cent pour cent écolo,ou rester à la surface en attendant la fin de l'humanité,qui ne signifie d'ailleurs pas la fin de la planète,au contraire.Safranek,hésitant,devra opter pour une solution qui revient à décider si on croit devoir assurer coûte que coûte la survie de l'espèce ou si,foutu pour foutu,mieux vaut rester dans ce qui reste d'air libre,sous la pluie,le soleil,la lune et les étoiles,comme on l'a fait depuis les origines,ce qui donne lieu à de jolies scènes finales.En résumé,le film n'est pas parfait,il est parfois confus,il y a des chutes de rythme,mais il constitue une belle réflexion sur la nature humaine et le concept même de vie.Matt Damon est pour une fois très bien,il faut dire que ce personnage de benêt mollasson et influençable lui va comme un gant.Christoph Waltz crève comme d'habitude l'écran en affairiste serbe carnassier,fêtard et cynique.Kristen Wiig fait le job en épouse traîtresse mais on la voit peu,plus cependant que Jason Sudeikis,Joaquim De Almeida ou Laura Dern qui font de la figuration.Il y a ce bon vieux Udo Kier qui n'était donc pas mort,tandis que l'asiatique Hong Chau est aussi imbuvable que son personnage.