--- Bonsoir, voyageur égaré. Te voila arrivé sur une critique un peu particulière: celle-ci s'inscrit dans une étrange série mi-critique, mi-narrative, mi-expérience. Plus précisément, tu es là au quatrième épisode de la quatrième saison. Si tu veux reprendre la série à sa saison 1, le sommaire est ici :
https://www.senscritique.com/liste/Vampire_s_new_groove/1407163
Et si tu préfère juste le sommaire de la saison en cours, il est là :
https://www.senscritique.com/liste/Vampire_2_King_Crocs/2478265
Et si tu ne veux rien de tout ça, je m'excuse pour les parties narratives de cette critique qui te sembleront bien inutiles...---


J'ai gagné ma première bataille, mais la guerre n'est pas même encore déclarée. Et avant d'aller plus avant dans la lutte, il y a un dernier allié que je dois consulter. Pas de malaise ni de tension ce soir, j'ai profité de la technologie humaine pour voir et entendre l'homme-loup que j'aime depuis toujours. Mais ce soir et pour les temps à venir, bien plus qu'un amant, il est un chef de guerre allié, mon égal sur le plan de bataille. Apprenant la nouvelle, nous nous étions immédiatement consultés, et nous avions délimité les possibles stratégies à adopter. Éduquer mes loups et chercher des alliés puissants pour moi ; prendre possession de la meute et la fédérer pour lui. Lycaon est un homme avide, et bien que né humain, contrairement à moi, il a toujours été allergique à la politique douce que j'ai appris à manier. Je ne lui ai donc pas réclamé de s'allier comme moi aux chefs de meute voisin, mais il avait sa propre stratégie : quand sa meute sera suffisamment solide (ce n'est plus qu"une question de quelques nuits), il ira faire tomber tous ses égaux limitrophe, et s'appropriera leur meute. C'est un jeu dangereux, exactement celui qui nous vaut la méfiance de nos cousins aux dents pointues, mais ils en sont les seuls responsables : leur menace nous pousse à mener les stratégie les plus extrêmes et les plus efficaces. Lycaon n'a pas le droit à l'erreur. Mais il en commet rarement.
Tendus mais déterminés, nous avons lancé, simultanément, le film du jour. Lycaon s'intéresse depuis trois ans à mes expériences annuelles, mais cette année c'est la première fois qu'il manifeste sans y être forcé un intérêt curieux pour la démarche. Il est certain qu'il n'aura pas le temps de montrer tous ces films à ses recrues, surtout qu'il n'a pas de Cinémathèque conciliante à proximité pour lui proposer ces films, mais je me suis engagée à lui recommander les films les plus intéressants pour former ses jeunes. Quoi qu'il en soit, ce soir nous avons la galanterie de découvrir ensemble ce film que j'attends curieusement depuis un moment : Le Dracula de Mel Brooks, l'une des très rares comédies sur le sujet, et à ma connaissance la seule qui soit une adaptation directe du roman fondateur de Bram Stoker : Dracula, mort et heureux de l’être. Bon. En tout cas me voila la preuve que je ne devrait pas porter de tels espérances dans des films avant de les avoir vus. Bien qu'ensemble, donc volontiers bon public, et particulièrement remontés contre les vampires à l'instant du visionnage, donc propices à rire à leurs dépends, nous avons été globalement profondément affligés et même gênés par certaines blagues et par le sentiment globale se dégageant du film. A partir de là, il n'y a plus grand chose en dire. Les décors sont recyclés et moins beaux que ceux qu'utilisaient déjà la Hammer par exemple, dont le film se moque ouvertement de manière détestable. Par contre, on a beau être en 1995, la chauve-souris en plastique a à peine évolué et les rares effets spéciaux sont à vomir. Surtout, les blagues sont potaches, faciles et puériles, et on se demande clairement si la personne qui les a écrites avait plus de 7 ans. Dommage surtout que le film s'obstine, quand il croit avoir trouvé un bon filon, à tirer dessus jusqu'à l'épuisement, meilleure moyen pour tuer des blagues qui auraient pu être amusante : preuve à l'appui, le gag du miroir qui était élégant dans Le Bal des Vampires devient complètement lassant dans son remake (ou plagiat ?), presque 30 ans plus tard. Même punition pour la blague de l'ombre, qui était très élégante dans sa première itération (cette fois ci dans le film dont il est question), mais qui se fait violenter quand elle est reprise une heure plus tard, de manière lourde et assez gênante.


Après avoir raccroché et souhaité une belle nuit à mon amour, je me suis rendu compte d'une chose : ce que dit mon rejet allergique de ce film, c'est un profond désaccord avec l'idée de tourner les vampires au ridicule. C'est mon immortelle amitié pour mes frères de la marginalité nocturne. C'est des siècles d'un passé d'entraide et d'amitié avec certains de leurs plus hauts représentants. C'est une fierté que j'avais tue, d'avoir été l'un des leurs pendant quelques jours -lors de mon premier mois vampire. Je n'ai toujours pas trouvé le courage d'informer mes loups sur ce dernier point. D'ailleurs, il me vient à l'esprit qu'en fait, je ne les ai jamais informés non plus d'aucun des autres points de cette liste. Est-ce que j'ai honte, inconsciemment ? Je ne devrait pas. De quoi ai-je peur ? Qu'ils me renie ? Qu'ils me ridiculise ? Voyons, je ne suis plus de ceux que l'on peut bizuter. Ils sont bien trop ivres de ce respect craintif pour trouver à redire. Si je trouve les bons mots, je pourrais même réussir à faire changer leur vision. Mais est-ce bien pertinent, de les faire aimer les vampires, quand eux ne font que nourrir chaque nuit plus intensément leurs haine envers nous ? Non, ce n'est clairement pas une piste sensée, mais peut-être, en renversant l'idée... Et si j'allais voir les vampires, et que je leur faisait, eux, aimer les lycans ? Ça c'est une piste à creuser... Mais comment ? Je vais passer un moment dans les prochains jours à fouiller dans mes vieux répertoires et voir si mes vieux amis sortent toujours de leur cercueil. Et bien sur, je vais continuer d'intéresser mes loups à leurs confrères. Ça tombe bien, le cycle à la Cinémathèque commence demain. Et bien qu'il est trop tôt pour faire tomber les masques, je compte bien y croiser en anonymes quelques représentants de la race du duc encapé.

Zalya
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Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les meilleurs films sur Dracula et Vampire 2 : King Crocs

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le 13 oct. 2019

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Zalya

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