Je n'ai même pas trouvé une réplique à mettre ici

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La trilogie des Dragon est probablement une de celle qui m'a fait ressentir

le plus d'émotions au cinéma. L'émerveillement, la tristesse, la joie, le

déchirement, la liberté, l'étonnement... Chaque film a apporté son lot de

sensations. Et pourtant, j'ai un énorme problème avec le deuxième volet.

Le premier Dragon est un de mes films préférés. C'est le film que j'ai vu le

plus de fois avec au moins 300 visionnages à mon actif, c'est un de mes

films préférés et sa beauté n'a d'égal que sa profondeur. Je l'ai attendu

énormément et il a été l'un des seuls films attendus qui ne m'a pas déçu.

Le troisième film, je l'ai tout autant attendu. J'avais grandi avec les

personnages, je sentais venir une fin de trilogie difficile et malgré quelques petites peurs, le film m'a comblé bien au delà de ce que j'imaginais.

Mais entre un début parfait et une conclusion excellente, il y a eu le deuxième film.

Celui-là, contrairement aux deux autres, je ne l'ai pas attendu. Quand est sortie la première bande-annonce, j'étais étonnée et surpris qu'une suite ait vu le jour. Quand j'ai vu la tronche d'Harold, j'ai voulu jeter un truc par la fenêtre. Outre le fait que je lui trouvais un vieillissement vraiment étrange, il avait une expression hautaine et bizarre qui ne lui ressemblait pas. Puis il y a eu la deuxième bande annonce qui montrait directement qu'Harold retrouvait sa mère. Encore plus énervé parce que ce n'était pas quelque chose que je voulais découvrir de cette manière, je n'ai plus fait attention au film jusqu'à sa sortie dans mon cinéma.

Après avoir vu le film, je me souviens être ressortie de la salle avec un mélange d'émotion pas franchement agréable. D'un côté, j'avais été bluffée par le visuel, j'avais pleuré, j'avais ri, j'avais voulu de nouveau voler à dos de dragon au son d'une musique celtique magnifique. De l'autre... Je n'avais absolument pas l'impression d'avoir vu la suite du film qui m'avait tant plu quatre ans plus tôt.

J'ai revu le film une deuxième fois. Puis j'ai ramené sept personnes de ma famille pour le voir une troisième fois. J'adorais parler de ce film, écouter ses musiques, chanter la chanson, en faire des dessins... Et pourtant ça bloquait.

J'ai longtemps cru que le problème venait de cette idée qu'on a que lorsqu'on aime un film, on ne peut pas aimer sa suite, puisqu'elle ne proposera jamais la même chose que la première fois. Et en soit, si je suis d'accord avec cette idée, ça ne m'est jamais arrivée. Je pensais donc que c'était là mon seul problème.

Seulement, le troisième Dragon est sorti et alors que beaucoup l'ont détesté, j'ai été remarquablement surprise et je l'ai adoré. J'ai compris que si je n'aimais pas le deuxième film, ce n'était clairement pas parce qu'il était différent de son prédécesseur, puisque le 3 l'est tout autant, mais bien parce que quelque chose en lui me dérangeait.

Il est donc l'heure de faire cette introspection et de comprendre pourquoi je trouve ce film si problématique.

Déjà, parmi ce qui m'a plu, c'est le visuel.

Ça peut paraître étrange et non, je n'aime pas chaque film que je trouve beau. Mais il faut avouer que les scènes de vol spectaculaires du premier film se reproduisent ici et qu'elles font envie. La physique de vol des dragon est parfaite et on s'y croirait. Les décors sont époustouflants et le fait de sortir de Beurk a prmit aux animateurs d'inventer des endroits plus beaux les uns que les autres. Les détails sont tous plus sublimes les uns que les autres et si quelques textures sont à revoir, on les remarque pas du tout, ou en tout cas je ne les avais pas du tout remarqué à l'époque : il s'agissait pour moi du plus beau film d'animation que j'ai pu voir en 2014. En plus, c'est un dernier film que j'ai vu en 3D et je me souviens avoir été bluffé par celle ci alors que normalement je ne la vois pas.

Les ambiances lumineuses sont aussi là et bien plus travaillées que dans le 1er film : que ce soit la scène où Valka apparaît, les différents endroits comme le dôme de glace de Valka où les couleurs sont froides mais accueillantes alors que l'antre de Drago est sombre et noire, chaque endroit et beaucoup de scènes ont une composition visuelle travaillée. C'est dire, j'ai acheté l'artbook en 2014, et encore aujourd'hui je ne l'ai pas lu : je me contente de regarder les images de façon émerveillée parce qu'elles parlent d'elles-même.

Un autre point qui compte énormément c'est la musique. Quand le film est sorti, elle m'a subjuguée dès le départ et je l'apprécie même plus que celle du premier film. Les notes celtiques sont toujours présentes mais ont un effet grandiloquent en plus, des voix sont rajoutées à énormément de moment et rajoutent tantôt un effet mystérieux, tantôt un effet épique que John Powell manie avec une main de maître. Je ne pourrais même pas dire quelle partie de la musique tant j'apprécie toutes les pistes.

Ainsi et c'est en comblant le visuel, la musique et une écriture fine, on obtient dans ce film des passages d'une qualité indéfinissable.

La scène où Harold vole avec Krokmou est absolument magnifique et on a envie de s'envoler avec eux.

La scène d'introduction de Valka est une de mes préférés de la saga. Les couleurs orangées, l'inconnu, la peur que représente ce visage masqué qui vole debout sur un dragon immense, le tout avec une musique mi-épique mi-inquiétante... Je vais reparler de ce personnage plus bas mais cette scène est tellement belle que me la revois volontiers, et depuis huit ans je possède un cadre dans ma chambre avec ce moment là. Il n'a jamais bougé.

De même, le flashback où l'on découvre comment a réellement disparu Valka est tout aussi beau, et les moments qui suivent, que ce soit quand Harold visite son sanctuaire ou quand ils passent un moment ensemble avec tous les dragon, toutes ces scènes sont spectaculaires, débordantes d'émotions et de beauté.

Évidemment, je ne peux pas passer à côté de la mort de Stoick, qui a été à l'époque pour moi un déchirement total. C'était l'époque où je commençais tout juste à pleurer devant les films et j'ai pleuré tout ce que j'ai pu lorsque j'ai vu Stoick se sacrifier, lorsque Harold repousse violemment Krokmou et lorsque on nous montre la scène de ses funérailles avec la voix de Gueulfort qui pleure en disant « Un chef. Un père. Un ami ». La réalisation est parfaite à ce moment là et je m'en remets toujours pas.

Ces quelques exemples montrent deux choses : j'adore Valka, et je hais le traitement de Harold dans ce film. Bon il y a évidemment d'autres soucis que je vais détailler mais commençons par ces deux là.

Comme je l'ai dis plus haut, la révélation de la bande annonce pour Valka m'a agacée au plus haut point, notamment parce qu'elle rendait la scène de son arrivée complètement caduque mais passons.

En soit le fait de découvrir la mère d'Harold ne me dérange pas. Le problème c'est l'utilité du personnage.

Dans le premier film, Astrid était un peu la Némésis de Harold : elle savait se battre, aimait taper et suivait à la lettre le combat de ses parents, sans y réfléchir. Harold de son côté était maladroit, chétif et était plus dans l'intellect que le physique, à construire des choses et à ne pas tuer un dragon parce qu'il ressentait de la peine pour lui. Astrid était donc un personnage qui servait à encenser le personnage principal du film, sans être le réel méchant de l'histoire : quand Harold lui ouvre les yeux, elle croit en lui et comprend que le combat final n'est pas le sien.

Valka rempli ces deux rôles dans le film ici présent. Elle est l'archétype de Drago : lui est violent, bruyant et asservi les dragon par la force. Son bâton est une arme qui permet d'accrocher, griffer, faire du mal. Valka est douce, aérienne et son bâton est une extension de son bras qui lui sert à communiquer et l'aide dans ses déplacements. Quand Drago enchaîne et asservi les dragon, Valka les recueille, les soigne et vole dessus parce qu'elle les a sauvés. En bref, Valka et Drago sont les deux dichotomie du premier film : la méthode brutale et la méthode douce.

Sauf que voilà, ça n'est pas le film de Valka. L'histoire est centrée autour de Harold. Harold met des selles et des volants aux dragon mais ils acceptent alors ça va. Harold aime mettre sa vie en danger et celle de Krokmou mais c'est rigolo alors ça va. Harold est parfait.

Évidemment j'exagère (enfin non) mais ce que je veux dire par là c'est que le film se casse la figure lui-même parce qu'il tente de faire comme son prédécesseur, mais ses idées sont tellement étranges les unes avec les autres qu'elles ne fonctionnent pas. Ici on n'a pas deux, mais trois variable : Drago le violent, Valka la douce et Harold le parfait. Pourtant de mon point de vue, ce que fait Harold n'est pas parfait : quand j'ai vu les dragon avec des guidons, des volants, des rênes et des selles j'ai pété un câble au cinéma. Depuis j'ai un peu mieux regardé le premier film et si Harold dirige parfois Krokmou, Krokmou reste quand même maître d'aller là où il veut, alors que quand le deuxième film démarre, on nous montre que les dragon ne sont que des moyens de transport.

Du coup, j'ai toujours eu du mal à voir ce que Valka fichait ici. Si j'étais elle et que je voyais mon fils se ramener avec une selle sur un dragon je l'aurais déshérité directement. D'ailleurs, au tout début, Valka était la méchante du film ! Eh oui, elle en voulait à Beurk de voler de cette manière sur les dragon et les attaquait. Mais l'idée a été rejetée et il ne reste que sa scène d'introduction de ce scénario. C'est dire à quel point mon point de vue n'est pas tant biaisé que par le fait que je suis vegan.

En bref : avec ce personnage, le film ne réfléchit pas aux conséquences de ce qu'il veut raconter : amener un personnage qui est doux et non hostile c'est bien, mais le fait que Beurk utilise les dragon pour son plaisir alors que Valka les recueille est assez contradictoire. Et ça l'est encore plus quand on nous montre que Drago est le méchant parce qu'il cri et enchaîne ses dragon alors qu'à côté on a un Stoik qui vole sur un Crane Crusher qui a littéralement des chaînes accrochées à sa bouche ! En bref, le film se contredit lui-même mais tente de le faire oublier parce qu'évidemment, la voie de Beurk ne peut pas être montrée comme mauvaise mais comme tout aussi idéale que celle de Valka, alors que pour moi elle ne l'est absolument pas.

Ce qui nous amène au deuxième problème de ce personnage : elle est là pour encenser Harold. Et si c'était fait de manière subtile, cohérente et même un peu rigolote dans le premier film avec Astrid, ici ça ne fait aucun sens.

L'histoire d'Harold, c'est qu'il a un jour abattu plutôt par chance un dragon, puis au lieu d'être un tueur sanguinaire il a découvert qu'il ne pouvait tout simplement pas ôter la vie à l'animal. Il l'a alors soigné et a appris à monter sur lui pour pouvoir le faire voler de nouveau, et il vole dessus avec une selle et tout un dispositif complexe. Son dragon est le plus crains par son village à cause de ses attaques sournoises. Grâce à Krokmou, Harold a appris comment pouvaient se comporter d'autres dragon et il a commencé à construire des dispositifs en utilisant par exemple de la bave de dragon pour enflammer des choses. Il aime explorer les archipels qui se trouvent près de chez lui.

L'histoire de Valka, c'est qu'elle a toujours su que la guerre avec les dragon ne mènerait nul part. Quand elle en a découvert un en train de jouer avec son fils, ce dernier l'a enlevé et elle vit avec lui depuis vingt ans, tout en soignant et recueillant d'autres dragon. Elle vit même avec un Alpha. Son dragon est absolument immense, elle vole dessus debout sans selle, debout et avec une certaine classe. Elle connaît les secrets des dragon car elle en a vu des milliers dans sa vie et sait même les hypnotiser (??), et communique avec eux avec son bâton. Elle a potentiellement exploré un continent entier, voire le monde.

Encore une fois je fais exprès de grossir le trait mais voilà ce qui me dérange : on introduit un personnage qui a de la prestance, de l'assurance, qui possède quelque chose de plus que notre personnage principal. Or... Moi je voulais que le personnage qui a de la prestance, de l'assurance et qui possède quelque chose de plus que les autres, ce soit Harold. Pas Valka. Je voulais voir Harold de cette manière et au lieu de ça on me présente un personnage plus appréciable que notre unijambiste préféré, plus doux, avec un mode de vie qui me plaît beaucoup plus.

Aujourd'hui je ne comprends même toujours pas à quoi ça sert dans le scénario, le fait que Valka soit plus ''forte'' entre guillemets qu'Harold. En quoi c'est censé le montrer comme plus fort que les autres alors qu'en trente secondes elle l'a littéralement mis à terre et à hypnotisé son dragon.

La pire chose c'est que ça fout en l'air un de mes dialogues préféré du premier film : « Trois siècles de tradition et je suis le premier viking qui a pas envie de tuer un dragon ! », « Le premier à voler dessus aussi. » Sauf que non, en fait on nous apprend que ce qu'à fait Harold, sa mère l'a déjà fait quinze ans avant et donc... Ça le rend encore moins spécial. Alors que le film essaye désespérément de le pousser vers le haut quand Valka se met à lui dire « Tu es le seul à pouvoir réunir nos deux mondes ». POURQUOI c'est Harold qui peut faire ça ? Que nous a montré le récit à ce propos là ? Oui Harold a démontré à l'île de Beurk que les dragon n'étaient pas méchants, mais encore une fois Valka aurait pu le faire, la seule raison qui l'a arrêté c'est que personne ne l'écoutait, comme le montrait les flashbacks. Alors qu'avait Harold de plus, sachant qu'il pensait lui aussi à partir ?

En bref, le personnage de Valka résume a lui seul mon problème avec le film l'association d'un très bon élément qui n'a rien à faire là. Valka est un personnage incroyable, je l'adore, je rêve de voir un film sur elle, son parcours est terriblement triste (abandonner sa famille pendant vingt ans pour ses convictions...), elle a au début un côté bestial et non verbal comme si elle était devenue elle-même un dragon, elle a une manière géniale de voler dessus (en ralentissant certains scènes où Cloudjumper tourne sur lui-même, on voit qu'elle ne se tient pas à lui mais l'escalade pour rester droite!) elle a une aura mystique vraiment incroyable... Mais elle n'a rien à faire dans ce film. Avec elle, on refait le parcours de Harold dans le 1, un parcours même plus classe et déchirant, ce qui est censé rapprocher les deux personnages mais moi, ça m'éloigne du film. Parce que je préfère évidemment Valka à Harold. Alors que c'est lui que je m'attendais à voir de cette manière après cinq ans : plus proche des bêtes (pas parce qu'il fait du feu mais parce qu'il les étudie, comme dans le premier film), proche de ses convictions face aux autres, avec une manière de voler sur Krokmou qui s'appuie moins sur les artifices que sur une vraie complicité (ça c'est le court métrage qui a fait le boulot en plus!), bref, je voulais le voir briller avec Krokmou en tête de film !

Du coup, passons plus en détail sur le cas de Harold.

Harold dans le premier film c'était mon alter ego. Un personnage qui ne s'adapte pas à la société, timide, chétif, qui ne comprend pas pourquoi les autres agissent ainsi, qui a un grand cœur et qui fait tout pour montrer aux autres pourquoi il pense qu'il a raison. Lui et Krokmou forment un duo solide et magnifique, entre cet humain peu sûr de lui et ce dragon mystique et inquiétant.

Harold dans le deuxième film c'est un bellâtre qui ne sert qu'à faire fondre le cœur des gens (je vous vois toutes mes amies là) et qui prend beaucoup, beaucoup, beaucoup trop de place dans ce film alors que l'écriture ne lui en donne pas assez. Son amitié avec Krokmou est à peine élaborée ou mise à mal parce que Krokmou n'est plus avec lui au centre du film, il est juste le dragon de l'histoire. En vrai, les actions de Harold tout le long du film ne me dérangent pas et vont avec le personnage qu'ils essayent d'en faire : mais le fait que le film pousse Harold en haut du piédestal de cette manière là, tout le temps, est énervant au possible.

Dans le premier film, Harold doutait de lui et ne savait pas vraiment qui il était. Il le savait à la fin, quand tout le monde l'acceptait tel qu'il était, et le deuxième film commence... Avec un Harold qui ne sait toujours pas qui il est et doute de sa place de chef. Et s'il y a un truc que je déteste dans les suites de film c'est quand les scénaristes refont l'exact même scénario. Parce que là le film démarre et on a un Harold qui nous dit qu'il ne ressemble pas à son père et il n'a jamais connu sa mère. Conclusion du film : il est le fils d'un grand chef et d'une femme qui symbolise les dragon, donc il peut relier les deux mondes. Sauf que... Non. Pour moi ça n'a aucune logique, nous expliquer que si Harold n'a pas pu tuer Krokmou c'est parce qu'il ressemble à sa mère, ça fiche en l'air tout le personnage du premier film, qui était si différent de tout le monde par sa nature douce et empathique.

Et le film ne sait pas vraiment ce qu'il veut faire de Harold : est-ce qu'il doute de sa place de chef ou de son identité ? L'un pourrait aller avec l'autre si seulement on n'avait pas déjà résolu une de ces questions dans un film antérieur. Parce que pour montrer que Harold doutait de sa place de chef que lui offrait son père, il y avait d'autres façons plus différentes de procéder : par exemple, au lieu de lui faire dire « Moi je cherche encore [qui je suis]. Je sais que je suis pas mon père et j'ai jamais connu ma mère alors... qu'est ce que ça fait de moi ? » on aurait pu partir sur un Stoïk qui demande à Harold d'être chef, et Harold qui doute de ça parce qu'il se sait différent de tous dans le village. Il découvre alors sa mère blabla résumé du film, et pendant la scène des funérailles, au lieu de retourner sur cette question que Harold a le cœur d'un chef et l'âme d'un dragon, lui faire dire qu'il est désolé pour ses erreurs qu'il ne sera jamais le chef que Stoick aurait voulu. Valka pouvait alors venir et lui dire « Tu n'as pas à être le chef que ton père était. Il avait choisi de continuer des combats sans comprendre la raison de ceux-ci. Il pensait faire ce qui était juste et tu as réussi à lui faire changer d'avis. Il a commis des erreurs et s'en est rendu compte. Tu en as commis toi aussi mais à toi d'ouvrir les yeux ». Ensuite Harold accepte d'être chef et fin du film.

Voilà c'est une idée ultra basique et je ne suis pas scénariste pour un so mais je la trouve largement plus acceptable. Harold a déjà douté de son identité dans le 1 et a question a été réglée. Dans le 2, je ne voulais pas qu'il se demande qui il est parce qu'il doit devenir chef : je voulais qu'il se demande si il pouvait faire un chef acceptable alors qu'il est si différent des autres, et je voulais que la mort de Stoïck soit le point central de ce questionnement, pour montrer que c'est à lui de prendre les rênes du village, même s'il est différent de son père, et qu'il n'a pas à être comme lui, il peut aussi faire des erreurs, comme Stoick.

Deuxième problème : Harold fait ce qu'il a en tête à un point exagéré. Quand Stoick lui fait comprendre qu'on ne peut pas résonner Drago, Harold s'enfuit pour essayer de le faire quand même. Stoick l'en empêche et Harold repart de nouveau. Quand il retrouve sa mère et que la famille est réunie, son idée est là encore de toujours vouloir résonner Drago. Et en pleins milieu de la bataille, son idée est toujours de vouloir résonner Drago en lui montrant... Alors je ne sais toujours pas ce qu'il voulait lui montrer mais c'était agaçant. Dans le premier film, si Harold était aussi attachant c'est parce qu'on était de son point de vue : on savait qu'il avait raison d'essayer de raisonner son village. Dans le troisième film, Harold est toujours aussi buté avec son idée de trouver un monde caché et personne ne l'écoute, mais là la frontière entre qui a tort et raison est plus floue : on voudrait qu'Harold et tous les autres aillent se cacher dans cet endroit mystérieux et en même temps, cet endroit pourrait ne pas exister. On voit Harold échouer et ça fait de la peine.

Or, dans le deuxième film, on voit que Drago n'est pas un personnage que l'on peut raisonner, le film nous le montre et on a envie de crier à Harold d'arrêter de faire ses bêtises et juste de rentrer chez lui. Je comprends Harold, son envie de paix et d'ouvrir les yeux aux autres, mais là où dans le troisième film il comprenait directement son erreur, ici le film le pousse à continuer sur une seule idée alors qu'en même temps on nous montre qu'il a tort de le faire. C'est très contradictoire et ça me fait m'agacer sur le personnage.

Le problème du personnage n'est pas lui-même, c'est son opposant. A la fin, Harold gagne par la force alors que la logique même aurait été qu'il gagne par la paix. Sauf que le film prend une tout autre logique, celle de nous montrer qu'au moment où Stoick meurt, Harold a fait une erreur et le paye : il sait encore moins qui il est. Alors Valka arrive et lui dit tout son petit discours sur le fait qu'il est un chef et un dragon et... pardon je cherche encore comment le personnage a gagné, à ce moment là, le droit d'être un chef. Pour moi, il le gagne seulement à la fin, quand le film nous montre qu'il a apprit de ses erreurs et choisit de ne plus passer par la paix mais par la guerre : à ce moment là Valka aurait pu dire cette phrase, mais pas avant. Je trouve la logique du film très contradictoire envers elle-même.

Voilà pour le personnage d'Harold en lui-même. Seulement, le film ne s'arrête pas là : en poussant Harold vers le haut, il nous fait oublier les autres personnages, et à savoir l'autre personnage important : Krokmou.

Krokmou était un symbole vraiment fort du premier film : le fait que les apparences sont trompeuses et que même le dragon le plus dangereux peut être approché quand on n'a pas de mauvaises intentions. Il était froid mais doux, dangereux mais compatissant, une vraie bête mystérieuse qu'on apprenait à connaître.

Déjà, adieu ce Krokmou là puisque maintenant on a un poti chat qui fait des bêtises et des gags rigolos. Ce point m'a franchement énervé, et le visuel évolué de la bestiole n'aide pas puisque son personnage a été refait entièrement pour qu'il paraisse plus inoffensif.

A la limite j'aurais pu supporter ça, cet aspect là ne me dérange pas dans le troisième film. En revanche, le fait que Krokmou ne serve à rien dans le film, ça ça m'énerve.

Krokmou est un véhicule pour Harold, un véhicule mignon mais tout de même. Il sert à ça dans toute la première partie du film. Je ne rigole pas, je ne vois rien d'autre à son personnage : Harold vole sur lui, Valka apprend à Krokmou à avoir de nouveaux ailerons dorsaux pour mieux voler et mieux rattraper Harold, Krokmou est rigolo... Bref.

Ensuite arrive évidemment Drago et l'Alpha, qui le manipulent afin qu'il tue Harold. Stoick se sacrifie, Krokmou reprend ses esprits et Harold le repousse. Aucun soucis de ce côté là, la scène est déchirante et je l'adore. Puis Krokmou repart avec Drago, et retrouve Harold plus tard, il fait face à l'Alpha pour Harold et tout est bien qui finit bien.

Sauf que comment Krokmou peut-il avoir une rédemption personnelle ? Il était triste quand il a vu Stoick mort, le film nous le montre. Alors j'attendais que le film nous montre une rédemption face à ça, et je ne compte pas le moment où Krokmou sauve Harold à la fin, non ça c'est leur truc à eux, il n'y a rien d'autres.

Certes on me dira que c'est un animal dans un film etc. Sauf que dans le premier film, Krokmou était un personnage à part entière. On le voyait agacé puis finalement d'accord pour que Harold puisse le monter avec qu'il puisse revoler ; on voyait son désir de protection ultra fort envers Harold à tel point que c'est ce qui l'a fait sortir de la cuvette où il était coincé ; à la fin du film, Harold se bat contre la Mort Rouge pour les vikings et Krokmou pour les dragon, et on voit sa détresse quand Harold tombe dans les flammes. De même, dans le troisième film, on passe énormément de temps avec Krokmou et la furie diurne, sans Harold ; on voit le déchirement qu'a le dragon entre les deux ; on voit tout son amour pour l'autre dragon. Alors... Où sont ces scènes dans le deuxième film ? Juste une scène pour montrer que Krokmou s'en veut de la mort de Stoïk et se rattrape de quelque manière que ce soit ? Les réalisateurs en sont capables, on les a déjà vu faire.

Je ne veux pas voir un film sur Harold : je veux un film sur ce duo, sur la façon dont ils font face aux dangers ensemble. Leurs visions du monde qui diverge et qui en font pourtant une superbe équipe. Le troisième film a réussi à retrouver cette dynamique et pourtant ils ont rajouté un dragon dans l'équation, mais ça ne m'a pas empêché de retrouver un duo puissant, si puissant que lorsqu'ils se séparent je pleure encore toutes les larmes de mon corps.

Et évidemment, ce qui se répercute sur Krokmou se répercute sur tous les autres. Le rôle d'Astrid a été donné à Valka, ce qui fait que la moitié de ses répliques sont de crier « Tempête ». Ou alors elle donne des informations capitales à l'ennemi avec des détails assez incroyable et on se demande ce qui lui est passé par la tête à elle qui était si intelligente qu'elle était la seule à comprendre dans le premier film qu'Harold cachait quelque chose. Et alors que son rôle sera plus développé dans le 3, pour qu'ils forment à eux deux une vraie équipe, ici elle est complètement effacée et subordonnée. Encore plus quand elle dit que Harold est le plus grand maître dragon de tous les temps... On le sait, scénario, que tu aimes Harold, pas besoin de nous le rabâcher.

Quant aux autres personnages... Bon je me doute que c'est difficile de faire apparaître tout le monde sur le même pied d'égalité, mais encore une fois, le premier et troisième film savait y faire. Tout le monde ne brillait pas mais tout le monde avait sa petite cène en plus. Évidemment, il y a la série pour raconter l'histoire plus en détail des personnages et de ce côté là c'est super, mais à l'époque je ne savais pas qu'un deuxième film Dragon allait sortir, alors connaître l’existence de la série me sortait complètement de la tête...

Et pour parler de Drago... Si le premier film brillait par une écriture fine et le fait que l'antagoniste ne soit qu'un animal, on sent que les scénaristes ont plus de mal quant aux antagonistes humains. Drago, je l'ai dis, est un cliché sur patte. Il est couturé de cicatrice, sombre de peau ce qui en fait une caricature à la limite du racisme mais soit, il cri dans tous les sens et c'est plus énervant qu'autre chose et il ne m'a jamais fait peur. Là où Grimmel dans le trois avait au moins quelques scènes de tension à son actif... Non vraiment j'ai du mal avec lui. D'autant plus que le film lui donne des motivations plutôt intelligentes et sympathiques : « C'est à cause de tes dragon que j'ai vécu dans la frayeur. Que j'ai vu mon village brûler. Ma famille enlevée. Mais même quand j'étais enfant, un orphelin sans rien, je me suis promis de m'élever au dessus de la tyrannie des dragon. Et de libérer les peuples de ce monde. […] Parce qu'il faut des dragon si l'on veut vaincre des dragon. » Ce sont des motivations fondées sur la peur et la terreur que peuvent inspirer de telles créatures et c'est un méchant tout à fait honorable qu'on nous sert ! Mais là notre Harold entre en scène et lance « Ou bien c'est pour avilir les uns que tu te sers des autres : pour le pouvoir. Et avoir le contrôle sur ceux qui veulent te suivre. Et se débarrasser de ceux qui refusent ». Et Drago acquiesce. Donc... En fait Drago ne cherche que le pouvoir. Je suppose qu'il a commencé par vouloir le pouvoir sur les dragon puis sur les humains ce qui en fait un méchant bien moins intéressant qui veut juste écraser tous les villages qu'il croise, là où ça aurait un crève cœur plus complet de le voir tuer les dragon du village (après avoir abattu Stoick bien entendu).

Et enfin, pour revenir un peu sur Valka : c'est drôle, j'ai l'impression d'avoir donné le point de vue de quelqu'un qui la déteste alors qu'il s'agit d'un de mes personnages préféré du cinéma. Elle a été une vraie inspiration pour de nombreuses choses créatives dans ma vie et ça fait huit ans que son poster n'a pas bougé de mon mur. De même, Cloudjumper est un dragon absolument magnifique et visuellement je le préfère même à Krokmou tellement il a une prestance incroyable avec ses ailes doubles.

Seulement voilà, c'est le film de Harold, pas de Valka. Et alors qu'elle est plus forte que lui en tout, ce n'est pas à elle de régler la situation finale ce qui est très illogique de la part du film : quand on montre un personnage aussi fort, soit on lui donne de vraies raisons de ne pas combattre, soit on le tue. Mais on ne le laisse pas à traîner sur le côté et à pleurer sur le sort de deux personnes qu'elle n'a pas vu depuis vingt ans alors qu'elle n'a rien à faire du dragon qu'elle a vu plus souvent que son fils. Je me souviens même m'être attendue à ce que ce soit elle qui devienne chef de Beurk, parce que le film encense vraiment ce personnage à un point assez édifiant.

Conclusion : j'ai compris pourquoi ce film était un vrai déchirement dans ma tête. Il est lui-même contradictoire sur énormément de points : encenser Valka pour encenser Harold alors qu'on perd de notre personnage principal. Faire de Harold un juge de paix tout en nous montrant qu'il ne peut pas le faire avec tout le monde ce qui rend le personnage agaçant. Vouloir briser le cœur à tout le monde en faisant tuer Stoïk par Krokmou alors que ce dernier n'a pas le droit à une rédemption. De quoi doute Harold : sa place de chef, ou son identité ? Amener un choc entre Valka, Harold et Drago pour complètement oublier les conséquences de l'arrivée de Valka puisqu'elles de concernent pas directement Harold. Etc, etc.

Le film se contredit lui-même ce qui fait qu'entre de merveilleuses scènes, un magnifique visuel et une magnifique bande sonore, on se retrouve avec un méchant cliché au possible, un personnage principal qu a des motivations agaçantes et des personnages secondaires qui ne servent à rien. Ce qui fait que si je prends plaisir à voir et à revoir de nombreuses scènes, si j'ai adoré le voir au cinéma en famille ou en parler avec d'autres personnes, de l'autre côté, ses défauts m'ont clairement gâché l'expérience. Alors que dans le troisième film, s'il est tout aussi brouillon au niveau de certaines phases de l'écriture, j'ai toujours trouvé qu'il y avait... Presque plus de cœur à l'ouvrage. Les personnages sont tous mis en avant, Harold est redevenu agréable à suivre, Krokmou est redevenu un personnage à part entière et les contradictions ont disparu, pour laisser au film le temps de souffler avec des scènes musicales et poétiques. Bref, on peut voir ce deuxième film comme une petite erreur de parcours, ce qui est tout de même bien dommage.

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le 12 déc. 2022

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