Crise économique, ravages immobiliers: on a tendance à oublier qu'avant les subprimes, s'offrir un garage à Paris relevait déjà du tour du force foncier. Si le cinéma a mis un certain temps à s'emparer de ce climat de déclin social, c'est aujourd'hui pour mieux afficher sa volonté d'en découdre avec le malaise. Oui, mais pas avec Dream Home.

Tout simplement parce que le montage parallèle du film de Pang Ho-Cheung, apparente bonne idée, dévoile les coutures de sa fiction mal troussée. Aucune des deux parties de Dream Home ne peut véritablement revendiquer le statut de modèle du genre, en dépit de quelques très bonnes idées de mise en scène. (les focales courtes, notamment, qui donnent ce sentiment de voir une fourmilière s'animer plutôt qu'une ville) Ainsi s'opposent des flash-back mièvres, peu subtils, manquant d'enjeux pendant les trois quarts du long métrage; et des scènes gores poussives, spectaculaires mais inoffensives, peinant à retranscrire le caprice viscéral du personnage principal.

Un constat d'autant plus accablant que Dream Home souffre terriblement, dans le même genre, de la comparaison avec The Housemaid, qui prenait véritablement le temps de poser son intrigue, de laisser aller son crescendo, avant de sombrer dans un grotesque volontaire et salvateur dans la dernière partie. Et si les deux films n'ont pas en commun cet amour du cinéma de genre, c'est aussi pour nous rappeler que Dream Home se limite finalement à ça: un long-métrage passionné, certes, mais surtout un faux pamphlet, et un vrai film gore complaisant. Dommage.
ClémentRL
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le 13 avr. 2011

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