Si on y réfléchit Drive c'est un peu le concept de Knight Rider poussé à l'extrême. Le cascadeur c'est un peu Mickael Knight avec des couilles et une coupe de cheveux décente. Et puis Gosling c'est un peu Hasselhoff... en fait non c'est pas du tout Hasselhoff. Si on y réfléchit Drive c'est juste un film de vigilante camouflé.

L'emballage lipstick néon rose bonbon à tout pour plaire. Ҫa évoque Miami Vice version Don Johnson et ses virées nocturnes clipesques (http://youtu.be/gh0oSrjLlwY), c'est bien filmé, c'est parfois bien tendu du string, la B.O est bien putassière comme il faut, ça flatte l'œil et le mâle, kikoo Ron Perlman et Bryan Cranston, Carey Mulligan est craquante et Hendricks tout le contraire, je parie que ça finira en film culte quand le revival du revival eighties fera son troisième retour dans 15 ans ; bref sur le papier et dans la bouche des gens Drive c'est un peu une rumeur qui viendrait taquiner mes fantasmes en matière d'esthétique filmique.
Alors oui j'ai aimé, beaucoup même. Oui j'ai bu, mangé, dormi, chié l'OST pendant 3 semaines avant d'aller le voir, oui je conchie et me fout de la gueule des abrutis qui pensaient voir un ersatz de Fast'n Furious ; mais j'ai été quand même déçu.

Trop fantasmé, le film est devenu un objet de désir qui, comme tout objet de désir qui vient finalement à notre possession et s'encre dans la réalité, s'est révélé ne pas être à la hauteur de nos espérances.

Cette parenthèse mise à part on ne peut nier LA PUTAIN DE GRACE qui touche la caméra de Winding Refn et qui apporte à l'ensemble du film un aspect fantomatique, comme si on ne touchait jamais le sol ; comme pour mieux redescendre lorsque la tension monte à certains moments du film. Moments éblouissant de furtivité et d'intensité : le début, le motel, la rencontre dans le bar, le braquage, l'ascenseur, le carambolage. Effectivement quelque chose d'impalpable et de cotonneux se dégage de la mise en scène et de la caméra ; comme une torpeur. L'effet rendu souligne de ce fait de manière plus intense la tension sous jacente de certains plans et sert par contraste de projecteur à ces fameux éclats de violence plastiques et narratives.

Autre atout, en complète interaction avec la caméra : Gosling. Ou son personnage. Ou Gosling. Difficile de savoir d'où provient vraiment la force du « héros ». Évidemment le jeu quasi mutique et tout en retenu du soldat Ryan (hohoho) participe à son charisme. Mais ça, ça s'est déjà vu. Moi ce qui m'interpelle dans ce personnage c'est pas tant qu'il ne parle pas (quoi que je trouve intéressant justement que le peu de mots qu'il prononce donnent l'impression de sonner de façon très maladroite), mais plutôt sa ligne de conduite (hohoho). Difficile en effet de se fixer sur les motivations qui entraînent ses actes. Tantôt héros solitaire tendance bad ass discret un peu bad boy dans le fond mais qui a des principes, tantôt tueur sociopathe incontrôlable, tantôt image du père, tantôt justicier dans la ville (hohoho), complice de braquages, bon travailleur honnête exploité qui boit que de l'eau, chevalier et sa monture au secours de la veuve et du fils de taulard... Bref autant de comportements, d'actions et de motivations aux frontières de la moralité, ambivalents, justifiables et inexcusables à la fois. Tout un concept à mon avis. UN PUTAIN DE KNIGHT RIDER AVEC DES COUILLES D'AMÉRICAIN ET UN LOOK DE MÉTROSEXUEL FRANÇAIS QUOI.

Bravo Gosling. Ou son personnage.

Par contre la musique. L'OST est putassière certes, moi ça me gène pas tant que c'est moi qu'elle séduit. Le score de Cliff Martinez colle impeccablement à la pelloche, sorte de vernis idéal aux scènes nocturnes et autres instants de tension palpable. Par contre c'est bien gentil de se la jouer Bananarama ou Pat Benabar sauce Daft Punk mais c'est mieux QUAND LE MIXAGE T'EXPLOSE PAS LES OREILLES, et désolé mais certaines chansons (je les adore mais quand même) sont carrément placées de façon improbable, en complet décalage, un coche raté. Je pense que je vais pas me faire beaucoup d'amis en disant ça mais faut être honnête ; qui n'a pas un peu tilté au début lorsque nous éclate aux tympans un « Real Hero » tonitruant sur fond d'images de pub pour voiture famililale ? Ok « Under Your Spell » c'est le bien mais son intégration dans le film pour moi c'est le mal. Par contre réussite totale sur le plan du titre sur fond de Kavinsky.

On passera sur de légers défauts de rythme, un scénario un peu light, et quelques persos sous exploités. On passera sur LE GROS THON HENDRICKS parce que Carrey Mulligam. On passera sur tout ce qu'on peut trouver à redire sur Drive parce que quoi qu'il en soit on en ressort habité par quelque chose qui nous hante ; une image, une musique sourde, une présence, des souvenirs, un spectre. Le fantôme d'un gars de dos accoudé à sa fenêtre et qui regarde une ville endormie.

ET ON VEUT UN PUTAIN DE BLOUSON ARGENTÉ.

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le 3 nov. 2011

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real_folk_blues

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