Plus de sang que de larmes

Pour être bref, il n'y a pas grand chose à dire, passées les quinze premières minutes qui nous resservent l'éternelle camaraderie qui lie les soldats de l'armée américaine et les nanas qui attendent sagement au pays, le film scotche sans interruption pendant une bonne demi-heure, celle qui suit immédiatement la libération des trois bergers, celle durant laquelle l'ennemi est présent mais encore invisible. Là, Berg s'éclate et déploie une tension qu'il orchestre savamment en jouant tantôt sur notre ouïe, tantôt sur notre vue : on croit apercevoir une forme mouvante derrière un arbre là-bas, entendre des murmures ici ou des branches se casser là... Hélas, une fois le combat engagé et l'ennemi découvert, la tension retombe pour ne plus jamais atteindre son niveau d'antan, et s’essouffle, bien qu'assez lentement, au fil des courses fuyantes des quatre SEALs. Peut-être que si Berg n'avait pas "spoilé" lui-même son film dès son introduction, alors mes mains se seraient faites moites plus longtemps. Je ne m'explique toujours pas ce choix.

Quoiqu'il en soit les combats sont bien ficelés, les scènes de bravoures nombreuses et le scénario pas complètement con si on met de côté le vilain taliban barbu et le jeune bizu américain (le méchant tribu du premier Hunger Games, pas mauvais) : outre mettre en lumière la rivalité entre talibans et pachtounes, le film questionne assez pertinemment le poids des médias dans la guerre et notamment sur l'ampleur que peuvent prendre des décisions prises dans l'urgence (il est question de vie ou de mort parfois, c'est "eux" ou "nous") lorsqu'ils les relaient au grand public. Un simple acte de survie peut alors se transformer en lynchage médiatique et en accusations d'homicide et d'entorse à la loi martiale. Dans une très bonne scène où les quatre militaires discutent des options qu'ils ont quant à l'avenir des trois bergers ce poids pèsent évidemment sur eux et sur la décision, qu'ils devront prendre et est même énoncé.