Suite ratée du culte Dumb & Dumber qui révélait à la fois les frères Farelly et Jim Carrey, Quand Harry rencontre Lloyd dégouline de bonne volonté mais chacune de ses séquences semble constituer un nouvel aveu d'impuissance de la part de ses auteurs. Ces derniers tentent d'inventer une genèse à Dumb et Dumber, organisent leur rencontre, bref, leur façonnent un destin.


Pour arriver à cette fin, ils rendent les personnages directement infantiles et encore dépendants, ce qui entre en contradiction avec leur situation dans le premier film, où ils étaient indépendants et vivaient ensemble (en se montrant passablement blasés au début du métrage, point d'ailleurs assez incohérent). Naturellement c'est régressif ; le problème est dans l'incarnation. Les performances des deux substituts sont honnêtes, ils réussissent à cultiver une petite ressemblance physique avec leurs aînés. Mais ils n'ont aucune autonomie et leurs personnages sont superficiels. Avec ou sans Dumb & Dumber premier du nom, le spectateur ne peut que difficilement s'amuser avec ces deux protagonistes tant ils manquent de caractère.


Aussi le film est vaguement drôle par endroits, mais il endort et laisse dubitatif sur sa légitimité. Il faut que le gag soit bien corsé pour atteindre une efficacité décente : il y a donc la séquence chez les parents de la girl next door, sur le chemin du scato. C'est excessif mais achevé, plein, enfin. Sinon, ce n'est que surenchère d'enfantillages sans génie. Le doublage de Butters de South Park appliqué à Lloyd n'y change rien et les seuls moments où des échappées sont tentées renvoient à des anecdotes du premier film traduites de manière primaire (« les nanas c'est pour les pédés », piteuse continuité de la fin de Dumb & Dumber).


Enfin la mise en scène est anormalement cheap. L'introduction heurte autant par sa beauferie intégrale (la naissance) que les manières dignes d'un catalogue de rushes foirées de film Z. Le niveau et les manières sont en adéquation et la galerie de personnages secondaires est honteuse, à l'instar du prof arborant une gueule de clown fabriqué dans un magasin de farces et attrapes, ou encore la figure nullissime du père agent d'entretien. Quand à la mission que se donne le tandem, c'est-à-dire recruter les débiles ou infirmes divers, quelque soit la nature du handicap, elle est sous-exploitée. Troy Miller a cru qu'il pouvait délivrer un navet sous prétexte que son modèle était une comédie grasse. Il n'est pas méchant ou opportuniste, il rend même les deux personnages plus pathétiques que dans la version originelle. Il n'est juste pas dans son élément quand il fait un film aussi manifestement illégitime.


https://zogarok.wordpress.com/2015/09/14/dumb-dumber-les-vrais-et-les-wannabe/

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le 28 janv. 2019

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