Comme dirait Wikipédia, Dune de Frank Herbert est un classique de la science-fiction, dont la renommée et l’influence sont considérables. Je dois encore le lire mais ce qui m’intrigue est tant son worldbuilding que son rapport avec la fantasy, précurseur d’un croisement des genres des plus plaisants. Adapter une œuvre si massive requiert non seulement du talent, mais aussi des moyens et de l’ambition, aussi peu s’y son attaqués. David Lynch s’y est frotté durant les années 80, hélas j’étais trop jeune pour accrocher au film.
Maintenant que Denis Villeneuve, déjà rôdé à la science-fiction avec Premier Contact et Blade Runner 2049, s’y attelle, qu’est-ce que cette adaptation vaut ?
Le suspens s’arrête aussitôt : ce fut une claque tant visuelle et narrative. Dès le départ, nous sommes plongés dans un univers tellement lointain dans le futur (l’an 10158, c’est très loin, il y a 8000 ans, l’Antiquité n’avait même pas commencé !) que la connexion avec notre société est fine.
Pourtant les thématiques de l’impérialisme font écho avec notre propre réalité, juste dans un setting très distinct. Un avenir si distant a laissé le temps à l’humanité de coloniser l’espace, d’y installer un « empire galactique », trope si employé durant les décennies subséquentes à l’écriture du bouquin. En cela réside toute la saveur du film : même si d’innombrables œuvres se sont inspirées de Dune, les créatrices et créateurs se sont ingéniés à nous présenter une vision unique. Tant la demeure des Atréides que les quartiers de l’empire, sans omettre Icarus lui-même, se targuent d’originalité. Le métrage est d’une beauté suprême, chaque plan se matérialise telle une fresque et s’enchaîne avec fluidité. Des explosions « magistrales » aux dunes panoramiques, nous en prenons « plein les mirette » en permanence. Il s’agit probablement de l’atout du film et primordial puisque le cinéma est un art visuel avant tout.
Toute cette contemplation sert une histoire certes classique mais à la narration ambitieuse. Pour sûr que l’exploitation des ressources par un empire maléfique a été repris à de maintes reprises, mais c’est bel et bien le traitement qui prime. Or le propre des excellents films est de nous partager un récit que nous avons vu plein de fois, et que nous recevons comme s’il s’agissait de la première. Un exemple dans le film :
Le sacrifice de Duncan est prévisible tant dans son approche que son traitement. Toutefois, par la manière dont il est annoncé (càd un flash-forward) et sa mise en scène, il surprend dans le bon sens du terme.
Dune se présente ainsi comme une fresque ambitieuse et épique, portée par des actrices et acteurs de talent et déjà reconnus, chacun campant leur personnage respectif à merveille. Peut-être que les parents de Paul Atréides sont trop jeunes mais cet aspect est vite gommé par l’immersion que procure le film. Puisque j’évoquais le côté « classique » du film, je peux mentionner aussi les « tropes fantasy » utilisées. La présence d’un élu s’est déjà vu ailleurs, néanmoins l’approche m’a bien plu pour certaines raisons :
D’ordinaire, soit les deux parents de l’élu trépassent, soit c’est la mère. Ici le père périt dans une scène iconique tandis que Jessica accompagne son fils dans ses péripéties. Par son rapport avec les « sœurs mages », elle ajoute un background intéressant. De plus, c’est elle qui « transmet » ses pouvoirs à son fils, autre approche méritant d’être soulignée.
Lent et contemplatif, Dune ne m’a jamais ennuyé une seule seconde, tant l’ambition se mêle au rythme. Cette vitesse de narration s’avérait nécessaire pour rendre honneur au récit original. Quelques scènes d’actions bien rythmées cadencent une histoire dense et passionnante. Si toutefois j’aurais un reproche à émettre au film, ce serait la fin :
Le « partie 1 » annonçait déjà que l’histoire était incomplète. Mais achever l’histoire après le duel de Paul contre le champion fremen m’a paru assez abrupte. Je préfère quand un récit divisé en plusieurs parties s’achève sur un climax, or là le climax était la destruction de la base et non cette scène.
Il reste à savoir ce que vaudra la seconde partie !