Quelques années après un Interstellar impressionnant visuellement, sensoriellement et esthétiquement mais empreint de longueurs interminables à l'image du 2001 : L'Odyssée de l'espace dont il a souvent été comparé, Christopher Nolan revient avec un film qui au premier abord avait de quoi inquiéter.


Le cinéaste anglais décide de s'attaquer au film de guerre en privilégiant la psychologie au travers d'une quête de la survie dans la misère la plus totale. Le long-métrage ne laisse aucun répit à ses personnages dès le premier coup de feu, l'unique minute de répit - dans une ambiance, un silence et un plan emprunté du cinéma muet - est rompu violemment par les tirs allemands. À partir de cet instant précis, le film bascule dans la tension la plus totale, l'angoisse finit inévitablement par atteindre le spectateur.


En effet, l'expérience Dunkerque est assimilable à un film d'épouvante avec en prime un travail minutieux concernant le son, le film contient très peu de dialogues. Plus que jamais, le silence et le hors-champ sont utilisés dans le but d'horrifier, de provoquer le malaise, transmettre la peur des soldats au spectateur. La distribution est un sans-faute néanmoins ce ne sont pas Tom Hardy ou Cillian Murphy qui tirent leur épingle du jeu mais les petits nouveaux : Fionn Whitehead, Harry Styles et Tom Glynn-Carney en tête. Si Tom Hardy réitère une fois de plus ses talents d'acteur à travers une prestation au visage masqué (après Bane et Max), Cillian Murphy est totalement délaissé dans un rôle mineur et sans réel impact sur l'intrigue. En voulant mettre ses acteurs sur un même pied d'égalité, Christopher Nolan en oublie de créer de la profondeur ou de la présence.


Le soucis de Dunkerque réside principalement dans le montage, le spectateur peut très rapidement perdre pied entre les trois points de vue différents (air, terre et mer) et la temporalité par moments maladroite. La composition musicale d'Hans Zimmer - bien qu'efficace - laisse tout de même de marbre, seul le tic-tac récurrent, véritable bombe à retardement permet de maintenir la tension procurée chez le spectateur. Certains plans, notamment ceux de contemplation dans les airs auraient mérité un bien meilleur accompagnement.


Au final, Dunkerque est une séance frustrante tant le film était si proche de devenir un "grand film" de la filmographie du réalisateur puisque malheureusement il ne réussit pas son pari totalement, à savoir captiver. Malgré des cadrages déroutant et un suspens palpable, le dernier-né de Christopher Nolan manque cruellement de fond et d'émotion. Impossible de s'attacher à des personnages trop survolés au profit d'un spectaculaire et à la fois d'un lyrisme trop forcé. La crainte tant redoutée s'est donc réalisée à moitié : Dunkerque est un film de transition dans la carrière du cinéaste.

KINOEIL
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le 24 juil. 2017

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