Nolan à la plage

Je l’attendais ce film, je l’attendais.

J’y croyais ô oui j’y croyais.

Je me souviens quand j’ai lu les articles qui relayaient son séjour à Dunkerque pour les repérages. Je me suis dit que ça serait différent de ce que avions pu voir par le passé. Plus précis, plus percutant, avec un grand degré de réalisme.

Ma déception me fit tomber de haut Christopher.

Dunkerque a pour moi plusieurs gros défauts, mais son plus grand, il le partage avec Valerian et la cité des milles planètes du Besson national : tout miser sur le visuel sans se soucier du fond.
Car oui, dans la forme je trouve le film irréprochable et moi qui ne suis pas spécialement sensible à l’usage de la pellicule dans un film je ne peux que reconnaître qu’ici elle est non seulement maîtrisée mais elle est de toute beauté : les grains de l’image donnent à l’ensemble un aspect usé, sale et pourtant agréable à voir (un équilibre difficile à atteindre et maintenir).

Mais à part cela, je ne vois rien à sauver.

Commençons par le scénario. Je suis assez horripilé quand je vois des gens louer le film pour son économie de dialogue, comme si c’était un acquis de qualité. Attention, je ne critique pas ce choix dans l’absolu, Le Cercle Rouge est dans mon top 10 de films et il comporte une scène de près de 25 minutes sans aucuns dialogues, mais je trouve dans ce cas-ci particulièrement injuste d’en faire un bon point pour Nolan tant le scénario est d’une fainéantise scandaleuse.
On me dira que l’on ne sait aussi peu de choses des personnages pour renforcer le côté anonyme/chair à canon mais c’est là où le film fait preuve d’un manque de jugement à mon goût. Je pense en effet que cela aurait été extrêmement plus intéressant et judicieux de laisser le premier tiers du film intact au niveau du développement des personnages mais de les faire évoluer au fur et à mesure durant les deux derniers tiers. Car tel quel, j’ai l’impression que le film se complet dans des personnages interchangeables inintéressant au possible alors que justement le but de ce genre de film est de montrer que derrière chaque personnage, chaque figurant se cache une vie hors de l’écran, hors de la bataille de Dunkerque. Je regardais la critique de Fred et Seb du grenier sur leur chaîne secondaire Youtube Bazar du grenier et ils font une remarque que je me suis fait pendant le film : pourquoi ne pas avoir gardé l’idée des différents points de vue voire des mêmes événements vus sous différents points de vue mais côté anglais, français ET allemands ?

D’ailleurs, le traitement des allemands dans le film montre clairement que Nolan n’a pas compris que réduire tous les soldats nazis à des présences (les deux seuls à l’écran sont en flou) qui planent sur nos glorieux héros anglais est extrêmement réducteur et simpliste.

Faire un film nommé Dunkerque (ou Dunkirk si on veut frimer) et n’inclure qu’un seul personnage français qui prend un minimum de place est tout de même un exploit. Cela m’amène à un autre point noir : ce soldat français (qui est lâche évidemment), pourquoi diable a t-il un accent anglais quand il parle français ? C’était si difficile d’engager un acteur français ? Même pas forcément un bon hein au vu du peu d’exigence que demande le scénario en matière d’investissement. Et je ne nie pas qu’il y avait des soldats français lâches, je ne veux pas paraître chauvin à tout prix (ça ferait un bon titre de film non ?), mais je critique le fait que soit les soldats français sont planqués derrière des sacs de sables (impeccablement superposés d’ailleurs), soit ils supplient les anglais soit ils volent des vêtements aux morts. Par contre les anglais ne font rien de ça. Même Cillian Murphy n’a pas à se plaindre, il tue un adolescent et s’en tire sans un bleu, il ne se fait même pas enguirlandé ! Le pauvre, il était traumatisé.
Je pourrais continuer longtemps mais je vous renvoie aux critiques du Bazar du grenier et de Durendal qui reflètent exactement l’opinion que j’avais avant même de les regarder.

Pour conclure, je dirais que Dunkerque est un film qui ne se donne même pas la peine de raconter une histoire ou de nous rendre moins bêtes en nous apprenant des choses sur cette bataille; c’est seulement un film qui nous montre (ou plutôt nous jette) un moment de guerre, de la poudre aux yeux car ce qui aurait dû être la toile de fond du film (les scènes d’actions) afin de faire de la place à des personnages complexes, intéressants et avoir une dimension pédagogique devient le principal enjeu du film.

Merci Christopher mais j’ai déjà vu des scènes de guerres au cinéma et voir les gentils contre les méchants merci mais non merci.
Fait relire ton histoire à Jonathan avant d’en faire un film Cricri.

Vidéo de Durendal : https://www.youtube.com/watch?v=IJGcnXTQvtc
Du Bazar du grenier : https://www.youtube.com/watch?v=jjMHLDWGPx4