Curieux.


Un film curieux, ce qui n’est pas pour me déplaire.


Commençons par le commencement.


Enfin, est-ce qu’il y a vraiment un intérêt à cela quand on parle de You Never Were Really Here (le vrai nom du film qui pour une raison un peu nulle de prononciation a été changé) ? Je ne pense pas.
Le film de Lynne Ramsay, que l’on connait également pour We Need To Talk About Kevin, est un ovni complet même pour ce genre de film avec un héros torturé.


Le film est transcendé par quelques séquences juste parfaites, la meilleure étant, je le pense, celle où


il s’allonge à côté de l’un des hommes qui a tué sa mère et où ce dernier lui prend la main.


Je n’ai pas d’autres mots que magnifique.


L’approche adoptée de flashs rapides sans fioritures et une tonne d’explications par les dialogues est assez audacieuse mais même si cela a son charme, je suis forcé de reconnaître qu’à mon sens on a eu la main un peu trop lourde.


Le film d’une durée relativement courte est un peu trop gangrené à mon goût d’une économie d’explications. Je pense que quelques précisions en rab n’auraient pas mangé de pain. Par ce que là, le film a de quoi laisser perplexe en ne nous laissant que très peu à réfléchir au sortir de la salle. Et pourtant je me suis dit tout au long de la projection que vouloir resserrer son sujet pour le faire avec simplicité était tout à fait honorable et humble. Mieux vaut bien exécuter un sujet simple (ce n’est pas une critique, loin de moi cette idée, j’aurais utilisé simpliste à ce moment-là) qu’échouer lamentablement un grand sujet par prétention. Mais le film semble le cul entre deux chaises.


J’ai envie de l’aimer mais il ne me laisse pas grand-chose à quoi se raccrocher.


Mais l’effet est néanmoins intéressant à ressentir : on en sait beaucoup sur le personnage de Joaquin Phoenix (d’une justesse qui mérite son prix à Cannes) mais, finalement dans l’exécution des choses on ne sait pas grand-chose. On dirait qu’on s’est débarrassé de tout la partie psychologique de son passé qu’on a dû juger chiante et casse-gueule à écrire donc on a fait 3 plans qui se courent après où


l’on l’imagine en soldat en Irak ou Afghanistan et en policier (je suppose) découvrant des femmes sujettes à la traite.


Cela fait réfléchir sur que doit-on mettre comme fond dans un personnage et comment le montrer. D’aucuns peuvent trouver que Lynne Ramsay a trouvé une bonne technique pour esquiver certaines lourdeurs nécessaires pour justifier l’état mental de son protagoniste mais d’autres peuvent penser l’exécution maladroite et brouillonne.


On pourrait justifier ce côté gros foutoir par la traduction des pensées qui se chamboulent mais pour le coup je suis comme le film : le cul entre deux chaises.


Mais je ne le déteste pas autant que Dunkerque, qui aussi avait une économie d’explications mais nettement plus scandaleuse pour un sujet aussi grand que celui « traité » si l’on peut dire. Les deux films n’ont pas grand chose à voir à vrai dire.


C’est un film à digérer au long terme, mais le dossier de presse du film n’aide pas à la digestion. En effet, celui que j’ai pu trouver sur le site Unifrance (disponible en lien à la fin de ce texte) ne comporte que les biographies de la réalisatrice, de Phoenix etc… mais aucune mention du sens du film ou autre concernant l’histoire à part le synopsis de 3 lignes. Assez bizarre je trouve.


Mais peut-être que cette absence participe au sens du film : aucun. Je ne dis pas cela négativement mais à l’heure actuelle, la seule raison que je trouve au métrage, c’est de nous faire partager dans un temps resserré dans la salle (mais long dans la narration si l’on ajoute les flashsbacks) la vie d’un homme brisé et peut-être que c’est ce que l’on est en droit d’attendre d’un film de ce genre.


Après tout, peut-être que l’on se pose trop de questions en regardant un film au lieu d’en profiter avant tout comme d’une expérience de vie.


Lien vers le dossier de presse du film : http://medias.unifrance.org/medias/156/200/182428/presse/a-beautiful-day-dossier-de-presse-francais.pdf

Léo_Miremont
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le 17 nov. 2017

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Léo Miremont

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