Eat
5.6
Eat

Film de Jimmy Weber (2014)

Eat plaira aux amateurs de gore, malgré certains aspects bancals.

Depuis deux ou trois ans, le cinéma d’horreur est devenu bien triste. Les films sortant au cinéma se ressemblent et n’ont rien d’excitant, mais semblent terrifier les jeunes, allez comprendre. Pour trouver des films intéressants, avec un fond, ou du moins, un concept original poussé à son extrême, il faudra se tourner vers quelques métrages inédits chez nous, comme Contracted, Excision, Cold Fish. Des films de genre avec un vrai regard de metteur en scène, tenant parfois plus du drame que de l’horreur pure. En tombant par hasard sur la bande annonce de Eat, j’étais persuadé de tomber sur un nouveau film de ce genre, un film allant au bout de son sujet, tout en nous offrant une mise en scène travaillée et non pas torchée en numérique et en quelques jours par un incapable que l’on oubliera quelques jours après la vision. Eat est le premier long métrage réalisé par Jimmy Weber après plusieurs courts métrages de genre depuis 2007. Le bougre ne se contente pas de réaliser, puisqu’il écrit son film, en est le monteur, mais également le compositeur et le producteur exécutif. Oui, on peut le dire, Eat est son film, son bébé, il est présent à chaque stade de son développement. Mais Eat est-il un petit film d’horreur indépendant qui vaut le détour ou non ?


Oui et non. Eat à d’indéniables qualités, possède des moments sanglants qui vont ravir les amateurs du genre, mais souffre de plusieurs égarements dans son scénario qui en font un film où le « too much » débarque un peu tardivement et surtout sans prévenir, si bien qu’il surprend mais fait parfois un peu tâche. Le métrage nous invite à suivre le quotidien de Novella McClure, de son nom de scène, une actrice, la trentaine, dont le nom sonnait plutôt bien dix ans plus tôt, mais qui échoue, ne parvient pas à obtenir des rôles. Sa vie semble ne pas du tout fonctionner, elle touche le fond, et va se faire virer de chez elle, ne pouvant pas payer le loyer. Les films égratignant le visage d’Hollywood, ce n’est pas nouveau, et au final, Eat n’a pas grand-chose à ajouter sur le sujet. Hollywood, c’est dur, c’est stressant, les actrices se battent même hors audition pour obtenir des rôles, les connaissances jouent énormément et à force d’échouer, certains en profitent pour nous proposer l’envers du décor : le monde du porno. Et quand un être humain stresse et touche le fond, que fait-il ? Des tics ressortent. Certains tapent du pied par terre, certains se rongent les ongles, certains tremblent. Novella elle, a des visions où elle se mange. Littéralement ! Visions qui se matérialisent rapidement. Cela commence par une plaie apparaissant après s’être mangé un ongle, qui va se répandre sur toute la main, ou sur un pied.


Pourquoi pas, en soit, le concept n’est pas inintéressant, bien que gratuit. Jimmy Weber signe une mise en scène classique mais propre, et joue sur le côté glamour d’Hollywood au début (musique pop, générique coloré s’inscrivant sur les images) avant de se lâcher doucement dans des images peu ragoutantes. Lors de ses scènes sanglantes, il n’y va pas avec le dos de la cuillère, et parvient à son but : il nous dégoûte. Les scènes sont réussies, les effets dégueulasses, les bruitages et l’ambiance sonore accentuent l’effet choc. Ces scènes sont plutôt rares et furtives en début de métrage, puisque Novella a encore pied en quelque sorte avec la réalité, et espère s’en sortir encore un peu dans la vie. Mais au fur et à mesure que ces derniers espoirs se brisent (une tentative de viol dans un parking se terminant de manière inattendue et malheureusement un peu ratée, ou un casting dont la chute est plutôt bien trouvée), la folie n’est plus loin, et les scènes gore se multiplient et vont de plus en plus loin.


Avec son sujet, Jimmy Weber peut aller loin, très loin, et son final ira dans ce sens, bien qu’allant justement peut-être trop loin. Les scènes gores sont très bien faites, les événements se bousculent, mais tout ne fonctionne pas, certains retournements de situations arrivent sans prévenir et ne sont pas toujours crédibles. Défauts de scénario où alors un réalisateur qui décide de se lâcher mais un peu trop tard pour que l’ensemble fonctionne totalement ? Chaque spectateur décidera. Eat est un peu bancal, parfois facile, mais réussit ce qu’il entreprend : nous fournir des scènes sanglantes à même de détourner le regard du spectateur, le tout plutôt bien emballé.


Critique avec photo ici !

Rick_D__Jacquet
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le 25 mai 2015

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Rick Jacquet

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