Eat
5.5
Eat

Film de Jimmy Weber (2014)

Sept millions d’américaines souffrent de troubles de l’alimentation, mais pas comme cela. Un postulat sur lequel repose Eat, premier long-métrage de la part de Jimmy Weber. On y suit Novella McClure (Maggie Maddock), une actrice dans la trentaine qui a trois mois de loyer de retard et dont le pseudonyme ne lui vaut que des appels pour des rôles pornographiques, ce qu’elle se refuse à faire. L’autre problème de Novella c’est que sa meilleure amie lui bouffe la vie, tout comme sa propriétaire, des hommes tentent de la violer, et finalement, après une plaie au doigt, elle sera prise d’incontrôlables fringales la poussant, dans un état de transe, à se dévorer elle-même. Une chose est sûre, si vous craignez le cinéma extrême, vous risquez de voir vos yeux se révulser. Certes si l’on fait défilé image par image on voit très bien que c’est du chiqué, en lecture le montage est suffisamment bien découpé pour que tout cela paraisse crédible, en plus d’apporter une dynamique cohérente avec ces instants voraces. Il va donc sans dire que ceux qui sont venus pour voir quelque chose de vraiment répugnant en auront pour leur argent. Un couteau à double tranchant puisque Eat a quand même beaucoup de choses à dire, or son pitch privera une partie du public d’une véritable oeuvre cinématographique.


Vous connaissez l’expression « se ronger les sangs » ? Si tel est le cas voici la parfaite illustration de cet état d’inquiétude extrême, dont la métaphore tourne autour du sentiment d’être inquiet au point d’avoir le sentiment de s’arracher des bouts de chair. On y trouvera non seulement un triste constat sur la vie d’une américaine moyenne, mais aussi un hommage particulier à toutes ces actrices qui passent leur vie à faire des castings et dont en n’entendra jamais parler.
Point également non négligeable, Eat réussit à faire rire. Non pas à gorge déployé, mais Novella, de par son état, se retrouve obligée d’inventer toutes sortes d’excuses improbables, lorsqu’elle n’a pas à cacher une marre de sang à sa propriétaire qui veut absolument rentrer pour s’assurer que tout va bien.
Là où Eat pèche quelque peu en revanche c’est dans sa réalisation qui par moment fait affreusement indigente. C’est simple, tous les passages en discothèque paraissent artificiels et empêchent de les apprécier pleinement, ce qui est dommage, car certains moments sont cruciales au déroulement de l’intrigue.
Pour finir, il aurait été idiot de ne pas souligner l’interprétation de Meggie Maddock, qui bien qu’elle paraisse légèrement hésitante par moment, réussit à habiter totalement son personnage, en particulier lors d’une scène de casting où elle récite son texte avec maestria.
Eat est une bobine étonnante, probablement ce qu’aurait dû être Black Swan, allant beaucoup plus loin dans sa métaphore de la vie qui vous dévore. Bien plus qu’un énième métrage extrême, Eat est avant tout un giallo où sang, jeux de caméra et montage stylisés nous rappellent l’avénement de ce type de cinéma. Une oeuvre brute, mais excellente.


Critique

SlashersHouse
8
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le 23 mai 2015

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