Je me souviens qu'Edward aux mains d'argent était passé à la télé il y a longtemps et que je voulais le voir (je ne sais plus pourquoi car il me semble que j'étais trop jeune pour connaître déjà Tim Burton) mais ma mère en avait décidé autrement je crois, ou alors elle n'aimait pas ce film ou bien c'était trop tard pour moi, j'avais école le lendemain matin. J'eus tout de même le droit de l'enregistrer sur une VHS et je le regardais alors grésillant sur le petit poste, peu importe - je ne me souviens pas de plus.

Il y a quelque chose qu'on ne souligne pas assez, c'est l'intime de l'art. On ne fait qu'en causer plus ou moins artificiellement, ici ou ailleurs, on s'expose en dévoilant nos goûts, c'est une dissection de soi exhibitionniste que l'on effectue avec tous nos top dix machins qu'est-ce que tu as pensé de ce film et la fin m'a beaucoup perturbé.
Pas tout à fait sûrement, heureusement, ce n'est pas très grave et c'est plutôt beau parfois.

En fait, voilà, j'ai appris qu'Edward fut le film préféré pendant de longues années de mon cher et tendre, que c'était ce film en particulier qui lui avait insufflé l'envie d’entrouvrir un peu plus la vieille porte (elle est en bois) de l'antre du cinéma. Regarder ce film maintenant, c'est le connaître un peu mieux au passé, c'est l'aimer en remontant dans le temps, un temps où je ne le connaissais pas encore. Je vois avec amusement que son dégoût amer de la société possède certaines racines ici par exemple ou inversement.

Bien sûr, c'est évident, parler de ce que l'on aime ou de ce que l'on n'aime pas, c'est parler de soi. On ne parle toujours que de soi, sauf les poètes peut-être. Toujours est-il que j'aime beaucoup cette archéologie culturelle de l'autre qui vaut autant qu'un album photo de vacances poussièreux d'il y a dix ans.

Ainsi, l'oeuvre se transmet de l'artiste à soi puis de soi aux autres dans un partage collectif assez chouette car humanisant.
La bise.
slowpress
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le 3 févr. 2015

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