Après Que Dios Nos Perdone, un thriller nous plongeant à Madrid lors de l’été 2011 quand la ville est confrontée en pleine crise économique. Pour El Reino, Rodrigo Sorogoyen nous plonge dans la politique en suivant Manuel Lopez-Vidal (Antonio de la Torre), un homme politique plutôt influent dans sa région. Il devait rentrer dans la direction nationale de son parti, mais il se retrouve impliqué dans une affaire de corruption.


Les films politiques sont très présents dans le cinéma, la corruption est même un sujet déjà évoqué dans les films qui ont un point de vue politique sur des faits. El Reino apporte quelque chose de nouveau, car Rodrigo Sorogoyen apporte un nouveau point de vue, en choisissant avant de tout de suivre un homme politique accusé de corruption. Pour suivre Manuel Lopez-Vidal, Rodrigo Sorogoyen utilise le plan séquence et pendant tout le film on sera quasiment en plan séquence, même si pendant la première partie on a quelques champ contre champ, mais on peut les compter d’une seule main. Rodrigo Sorogoyen, n’utilise pas le plan séquence pour faire joli, il y a un message derrière son choix artistique, il y a une démarche de la part du réalisateur espagnol, comme la première séquence du film, on va suivre le personnage principal qui est sur la plage et qui va au restaurant. Derrière cette séquence, il y a toute une immersion comme si Rodrigo Sorogoyen nous invitait à suivre Manuel Lopez-Vida. La seconde séquence on peut aussi en parler, Manuel Lopez-Vida est au restaurant avec d’autres membres du parti et un peu à la manière de Tarantino. On va suivre la discussion sans vraiment rien comprendre un peu à la manière du début de Reservoir Dogs. Avec les deux premières séquences, on sait dans quoi Rodrigo Sorogoyen nous embarque.


Il faudra quand même s’accrocher à la première partie du film qui est inégal. On est conscient qu’on est sur une très belle proposition de cinéma, mais cette proposition de cinéma prendra tout son sens après sa première heure. Pour revenir sur la première heure, on est sur quelque chose de très poussif par les choix du réalisateur. Il n’est pas question de remettre en contexte ce qui se passe en Espagne, on ne sait pas quel parti est au pouvoir, pour quel parti travaille le personnage qu’on suit ou encore quelle est la place de Manuel Lopez-Vida dans le paysage politique espagnol.


Quand arrive le moment ou il est accusé de corruption, le titre du film s’affiche, histoire de dire qu’un autre film arrive. En première partie on avait un personnage serein, on pensait que rien ne pouvait l’arrêter. Dans cette seconde partie, il est coupable et il veut se venger quitte à tomber encore plus bas, en voyant cette partie, c’est un reflet de la politique dans notre monde, il est question d’individualisme. L’autre explication que donne le réalisateur, c’est que dans la politique tant qu’on peut protéger notre peau c’est le plus important.


On comprend aussi pourquoi le choix du plan séquence, Grâce cette technique de réalisation, on va voir l’homme politique dans la panique, dans la tourmente, dans le stress et c’est quelque chose de très immersif. Je pense au moment ou il doit récupérer des documents dans une maison. Dans cette maison, il y a une fête improvisée, tout le génie de ce plan séquence c’est de nous montrer toute la pression que peut vivre le personnage d’Antonio de la Tore, car c’est un moment crucial du film et d’un autre côté on voit toute la méfiance ou la peur des personnes qui sont à côté. Cette scène est renversante pour nous le spectateur et c’est à l’image du film dans sa seconde partie. C’est un enchaînement de scènes immersif, on est avec le personnage et c’est toute la puissance d’El Reino. Au fur et à mesure du film, j’avais cette envie de soutenir le personnage et de le voir réussir.


Puis il y a toute la musique d’ Olivier Arson, elle élève le rythme avec un côté plutôt crescendo qui est un peu à l’image de Manuel Lopez-Vidal qui est pressé par le temps et ne reste jamais sur place. Il y a aussi des musiques un peu plus intense, pour accentuer notre stress. Toute la soundtrack est un très bon outil d’immersion pour Rodrigo Sorogoyen qui n’hésite pas à mettre cette musique en avant dans son long-métrage.


https://eyrioalarencontreducinema.com/2019/10/15/el-reino-la-corruption-est-partout/

Eyrio___
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 16 sept. 2020

Critique lue 135 fois

Eyrio___

Écrit par

Critique lue 135 fois

D'autres avis sur El reino

El reino
EricDebarnot
7

La mort aux trousses d'un affranchi

"El Reino" n’est pas un film facile à appréhender, et encore moins à critiquer pour qui ne serait pas familier avec la situation politique espagnole : en Espagne, qui est, rappelons-le pour ceux qui...

le 24 avr. 2019

41 j'aime

14

El reino
Theloma
9

Marche ou crève

Trois scènes jalonnent ce film comme autant de grilles de lecture. La première est un plan séquence de trois minutes qui ouvre le film. Aussi simple qu'efficace. Le décor est un bord de mer. Un homme...

le 13 déc. 2020

19 j'aime

2

El reino
JaviFou08
8

Corruption dans le Royaume.

Grand retour de Rodrigo Sorogoyen après un film qui est incroyable, Que Dios Nos Perdone (un des meilleurs thrillers de ces dernières années), il revient avec ce thriller politique. Et il le fait...

le 26 janv. 2019

18 j'aime

2

Du même critique

Lovers Rock
Eyrio___
8

Cette soirée là

Parmi cette anthologie du cinéaste britannique, « Lovers Rock » est peut-être le film le plus doux que l’on peut voir dans ces cinq films. On avait quitté Mangrove qui était un véritable film de...

le 21 mars 2021

4 j'aime

Anything for Jackson
Eyrio___
5

Anything for Jackson

Déjà je voulais parler du réalisateur, car je trouve juste en regardant 5 minutes ce qu'il a fait, ça me fascine. Vous aimez les téléfilms de Noël et bah Justin G.Dyck a fait quasiment que ça...

le 30 janv. 2021

4 j'aime

Spencer
Eyrio___
8

Trois jours en enfer

Pablo Larrain continue sur ces films qui parlent de femmes dans une recherche d’émancipation à la suite d’un traumatisme. Si Jackie était un biopic évoquant une femme en deuil à la suite de la mort...

le 8 févr. 2022

3 j'aime