Bon. "El Topo", mon premier Jodorowsky. Eh bah j'imaginais pas du tout ça comme ça.
Ce fut frontal. Déjà, en faisant le lien entre les quelques personnes qui me disaient de regarder Jodorowsky, j'aurais dû me douter que ce serait aussi perché. Parce que ça l'est, perché, et sur tous les plans. Même avec du Sono Sion et du Yoshihiro Nishimura dans les dents, je trouve ça ... Wow. Accordons-nous sur le fait que ce ne sont ni les mêmes cultures, ni les mêmes époque, mais il y a cette sensibilité puissante, assumée, cette façon de se saisir d'un média et de l'incorporer tout entier dans un imaginaire qui semble infini et sorti d'une tête qui n'a ni les mêmes yeux ni la même cervelle que nous.
D'un point de vue esthétique, c'est fabuleux. C'est une suite de tableaux, on regarde "El Topo" comme l'on regarde une oeuvre d'art. C'est soigné, pensé, parfait. Une claque. Et puis, du neuf pour les yeux, ça fait du bien, hein.
Et putain, mais quand on pense à la mise en scène, la réalisation de toutes ces saynètes qui composent le film, c'est jouissif. Le parti pris de la symbolique comme langage, le tout dans un cadre religieux, c'est brillant. Tout de suite, tout est uniforme, la substance du film est là, on la sent, on la voit. Le religieux permet le langage du miracle, de la mise en scène poussée et convaincante, de la quête, du rituel, de la parabole, du merveilleux, et presque du conte. Jodorowski utilise très bien ça. C'est d'un mysticisme surréaliste très prenant.
Le sens passe par l'analyse personnelle des symboles, et notre imaginaire autour de ces symboles rempli les pensées qui tournent dans nos têtes en visionnant un film. En ça, c'est vraiment bon.
Après, bon, aucune émotion en regardant ce film. On se contente de regarder un spectacle qui se déroule, un spectacle lointain, comme une vieille légende. L'émotion, l'empathie, on la ressent à travers une certaine reconnaissance dans un personnage, une situation, une phrase, ou un attachement personnel à un personnage. Sur ce plan-là, donc, faut pas s'attendre à des torrents de larmes. Tout juste quelques pincements au cœur ou crispations de mâchoires, me concernant, et des phrases à portée cogitative.
Y'a de grandes chances pour que ce film soit une critique de la société, JE PENSE (c'est pas très subtil mais le message passe bien plus clairement ainsi).
Enfin bref, c'est génial. Mais faut être chaud à l'idée de se retourner la tête pour regarder ça.