" Tu chemineras dans la violence"...
El Topo s'ouvre sur le père et son fils, dans une scène magnifique d'enterrement de vie de jeune garçon : cette scène cristallise à elle seule toute la portée initiatique d'un western hors du commun, orgie jubilatoire de feu, de sang et de couleurs savoureuses. En un mot comme en cent El Topo est un film unique, typique du cinéma d'Alejandro Jodorowsky : une violence baroque et opératique, une bonne dose de mysticisme et des plans tous plus inspirés les uns que les autres. El Topo reste le nec plus ultra d'un certain cinéma stylisé, faisant presque passer les films spaghetti de Sergio Leone pour des westerns du classicisme américain. C'est volontairement foutraque, décadent et imparfait mais toujours généreux.
Loin de nous exclure de ce concert resplendissant d'images et de sons Jodorowsky jalonne son film de symboles en tous genres, densifiant cette quête tout en lui donnant des allures de parodie ; il n'a que faire du bon goût et de l'ordre établi et n'hésite pas à cultiver une certaine esthétique du chaos, créant une atmosphère proprement cacophonique : nuages de poussières, carnages, sacrifices, rituels érotiques, scène de roulette russe... Bien difficile de discerner la présence d'un contrôle du réalisateur sur son film, ce dernier faisant de la dépossession et de la liberté les forces principales de sa mise en scène. Alejandro Jodorowsky invente à lui seul le western burrito, et nous offre une oeuvre prodigue, entière et provocatrice. A voir absolument !