La société anglophone trouve sa forme à répétition avec la foire. La caméra se concentre sur le Monstre qui stimule la foule. Une lumière nette est jetée sur tout, les personnages comme les objets qui les entourent, jusqu'à la fumée et à la nuit étoilée, rien ne dépasse avec ce blanc, lui-même dans l'obligation de survivre avec le noir, et les trous sont partout. Ce Monstre est placé au centre de la diégèse elliptique comme au centre de l'attention morbide, toujours morbide, si bien que chaque fois que le Monstre est regardé, même quand il est dans la position de dire un discours intelligible, nous soupçonnons qu'il y a un mal effroyable qui rentre dans ce "sac de chair". Ce n'est pas que les hommes soient cruels, c'est que le phénomène monstrueux existe et que la cruauté s'accroche, et même dans un bien potable, l'homme se demande : Suis-je bon ? -- Et voyez comme la caméra ne cherche pas à soutenir notre regard à la première scène où il nous est exhibé : c'est qu'il n'est pas regardable. Il commence ensuite à devenir observable. Et là commence une exhibition plus réglée et pernicieuse à mesure que les individus parlent mieux, que nous grimpons les strates sociales. Mais à tous les niveaux, il y a des images solitaires qui défient toutes pensées. -- Le plus atroce étant son intériorité qui, elle, ne nous est jamais découverte ; rien ne nous le permet, car son intériorité n'est que l'assurance que nous n'avons pas affaire à une chose, mais à un esprit -- et l'esprit est le passeport pour pouvoir exister being a man. -- Enfin, quel est son rôle ? L'éléphant ou Roméo ? -- L'éléphant ne se suicide pas, le théâtre le permet. La puissance est dans la manière d'être, et cette intériorité, cette différence, n'en est que plus salement et légitimement bafouée.


Au final, quelle est cette cathédrale de carton, juste signée, face à cette inhérence à l'être qu'est cette monstruosité prénatale ?

LapinNoir
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le 13 avr. 2021

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