Dernier voyage

Ayant perdu son fils aîné dans la guerre entre la Russie et l'Ukraine, Moustafa décide de ramener son corps jusqu'à sa terre natale : la Crimée. Pour cela, il prend la route avec son fils cadet. Qui connait les Tatars, peuple marginalisé tout au long de l'Histoire, que l'annexion de la Crimée par la Russie a obligé à fuir, pour beaucoup d'entre eux ? Le film de Nariman Aliev, road-movie à deux personnages, un père et un fils, se distingue par sa pudeur et sa modestie, avec pourtant en filigrane la guerre entre l'Ukraine et la Russie. Une histoire simple et certainement déjà vue d'une relation filiale difficile mais traitée de manière très délicate par son réalisateur qui n'a pas de leçon politique ou morale à donner. La mise en scène a beau être discrète, elle s'avère remarquable, notamment dans les scènes d'extérieur (beaucoup ont lieu en voiture) et en particulier dans les dernières minutes, au bord de l'eau. L'émotion est retenue et même bridée mais elle est bien présente dans un film marqué par une économie d'effets et d'informations et qui, loin de susciter l'ennui, se révèle attachant et passionnant jusqu'à son terme.