Faute de grives, on mange pas de la merde.

Oh non ! Une équipe de robots a encore développé un film pourri en pensant qu’il était super original, alors que son pitch a dû être recyclé trente fois. En cette époque de dogmatisme écologique, où le développement durable copine avec les énergies renouvelables, va falloir un jour essayer de créer quelque chose de différent. Là, regardez ! Un pupitre, un bout de papier et un foutu crayon. Prenez-le, écrivez, réfléchissez, publiez !
« Non, moi, Denis Villevieux ! Je suis un nostalgique ! Je vais ressusciter une vieille franchise des années 80 ! Quelle idée des plus terribles ! Non, moi, Denis Villevieux ! Je suis un nostalgique ! Je vais ressusciter une vieille franchise des années 80 ! Quelle idée des plus terribles ! Non, moi, Denis Villevieux… »
Oh merde, le robot Denis a encore planté. La science-fiction est morte. Vive la science-fiction monopolisée par les mêmes idiots du village Holywood. Entre le robot Denis et la statue de cire Ryan Beau Gosblingbling, on est mal partis.
L’imagination et le bon goût sont alors tenus en otage par les années 80 et le satané Nouvel Holywood qui nous empêtre dans les années dites de disette. Qu’on envoie une équipe d’intervention, je vous en conjure. Les années 80 ont inventé la machine à voyager dans le temps avec Retour vers le Futur, maintenant, ils nous envoient des robots diriger toutes nos productions. Alors pas toutes, le village d’irréductibles films d’auteur à la con persistent toujours à produire des films originaux. Eux, ce ne sont pas les années 80 mais bien les années 60 qui les retiennent le couteau sous la gorge.


« Bonjour ! Je suis le fusil de Tchekhov ! Alors, tu te demandes pourquoi un gros fusil avec de touts petits yeux mignons vient te parler, le chargeur bien rempli et le viseur droit sur tes mirettes. Eh bien, figure-toi que tu viens de noter un élément d’intrigue réutilisable plus tard ! Bien joué ! Je te félicite ! Tu peux maintenant accéder à la fin du film directement sans passer par un ennui mortel comparable au Réveil Capétien ! C’est parti !!! »
« Eh ben, voilà les crédits, je te laisse ! Essaye de me trouver ailleurs ! Surtout dans les mauvais films ! »


Relançons le film car ce gros plan sur la plaque d’immatriculation ROSIE1 m’a plutôt déstabilisé ! Alors, la mère de famille manipule la voiture et se rend compte qu’elle est…
« Bonjour ! Je suis le fusil de Tchekov ! Alors, tu te demandes pourquoi un gros fusil avec de tout petits yeux mignons vient te parler, le chargeur bien rempli et le viseur droit sur tes mirettes. Eh bien, figure-toi… »


Bon, parlons d’autre chose. Vous avez vu comme il fait beau aujourd’hui ? A l’heure où je parle, il y a un sacré bout de soleil qui pénètre dans ma chambre. Peut-être est ce dû à l’élection de Joe Biden qui vient repousser d’un reniflement de cheveux, une partie de l’orage médiatique qui planait sur Trump. Au moins, il fera beau pendant 4 ans, c’est déjà ça.


Pour en revenir à quelque chose d’autant prévisible, on retrouve la mère dont le seul défaut est de ne pas être très ponctuel mais qui sait se faire pardonner. Cet état d’âme de mère cool est caractérisé par son châle en coton 100% recyclé et un t-shirt jeune puisqu’on les retrouvera sur toutes les mères de famille cool. Que ce soit en films d’horreur, ou en thriller, l’archétype de la mère est de retour avec ses cheveux raides (la plupart du temps blonds) récupérés par un chignon, son visage joli et ciselé, et un corps un peu attirant mais cachés par des vêtements vieillots. Allez vous habiller ailleurs, nom de dieu ! De plus, allez chercher vos acteurs ailleurs ! J’en ai marre de ses actrices dont le visage est synthétisé comme la parfaite alchimie entre charme et responsabilité, entre innocence et puissance, c’est d’un ridicule ! Midsommar, Sans un Bruit, Vivarium et j’en passe. En fait, c’est Planète Hurlante avec une file de robots MèreCoolSexyResponsablePuissante, le modèle 2020 qui envahit toutes vos productions !
La mère parfaite imparfaite. Et le mari ? Inexistant mais il est vilain car il ne fournit pas autant d’amour que la mère. Bien sûr, se retrouver face à un conflit aussi déterminant permet de….


« Bonjour ! Je suis la situation finale téléphonée ! Vous m’avez appelée ? Besancenot avec de gros yeux tout mignons ! Car j’ai pour vous en colis express la fin du film. Vous n’êtes pas encore à la fin du film ? Pas grave, j’ai juste besoin que vous signez ici et là. Voilà. Bonne journée ! »


Yeah… Ce conflit l’a rendu plus responsable en ne klaxonnant pas un autre taré de la route. Et dire qu’on devine cette idiotie 5 secondes avant son apparition. Vous imaginez que pour le scénariste, ça a du prendre encore moins de temps pour l’imaginer, 2 secondes à tout péter. Et puis merde, la moitié des problèmes liés à la mère ne sont pas résolues. Aucune mention faite des antécédents de Russel Crowe, une maison brûlée et aucun lien de fait.
On marche sur les pieds de la tête !


Un monde aussi fou ne peut être réaliste, surtout si cette folie dépasse celle que Cooper étreint. Ce n’est pas Logan Lucky mais bien Hogan Hulky !


« J’ai vérifié sa plaque d’immatriculation. Si je ne meurs pas écrasé dans les 40 secondes, j’avertis les flics et le film est fini. »
(Tué par une voiture en scénarium)
« Si je ne suis pas écrasé par un poids-lourd, madame, j’avertis les flics et le film est… »
(Tué par un poids-lourd en scénarium)
« Si je viens avec plusieurs de mes coéquipiers pour arrêter cet homme dangereux, on aura le temps de le cerner et le film est fini. »
(Russel fuit la scène du crime en deux secondes car le flic est venu seul)
« Je suis la voiture de la voisine. Si je suis resté sur place parce que ma propriétaire est mystérieusement coincée dans les WC, vous pouvez prendre possession dudit véhicule et allonger le film. »
(La voisine est bloquée dans des toilettes en scénarium).
« Je suis le commissaire de la police, si tous mes hommes sont en vacances, tombés au fin fond de la quatrième dimension, portés disparus ou en train de lire un livre, je ne pourrais en envoyer dans chaque lieu de la victime, comme la maison de la mère afin d’éviter une fin stupide où la mère se retrouve seule à déjouer les plans du fou. Bien évidemment, s’il n’y a pas de chute de météorite sur le chemin, que nos voitures ne sont pas à court d’essence tout comme nos portables ne soient à court de batterie, ou bien que l’équipe du film n’aient pas choisi d’arrêter de tourner cette daube, je pourrais venir jusqu’à vous et finir le film plus tôt ! »
(Une peste en scénarium s’est abattue sur le commissariat. Le commissaire a eu une crise cardiaque à cause d’une jambe cassée avant l’incident.)


Pour la peine, je rejoue une nouvelle fois la fable du lièvre et de la tortue. Je suis déjà à la fin du film que le pauvre scénario famélique en est encore à la ligne de départ. Allez, je l’attends, je me casse la mouille, je feins la surprise. 20 minutes pour démarrer un foutu film. 20 minutes ! ô combien de scènes devons nous subir sur la mère de famille cool un peu à l’ouest ?
Puis, c’est le début sur les chapeaux de roue. Russel Gros poursuit la mère ! Oh quelle tension… si seulement, on n’avait pas la logique à l’autre bout du fil.


« Bonjour, je suis la logique, le petit cerveau avec ses gros yeux qui sautillent devant vous ! Je viens désamorcer tout le suspense contenu dans cette scène ! Pourquoi ? Tout simplement parce qu’il n’est pas possible que la mère soit rayée de la carte dès le début du film. Attendez vous alors à des scènes de course-poursuite stupides ou rien ne peut se passer ! Par contre, je vous spolie la fin mais il se peut que la vraie tension soit disponible après qu’1 heure 40 soit passée… Ou pas ! »


Ou pas ?


« Bonjour, désolé de vous interrompre, mais je suis moi-même lié à la logique. Si vous n’avez pas encore compris que mon apparence de pilier grec avec des petits yeux mignons fait référence à la Catharsis, vous êtes plutôt inculte ! J’ai de petites mains serviles prêtes à vous masser le dos ou bien vous soulager de toutes les manières possibles. Je peux même vous chanter quelque chose !


« Jésus-script dit qu’on rapporte quelques méchants, quelques gentils, je les fais s’entretuer et les spectateurs se réconfortent. Jésus-script a, avec la Catharsis, inventer le fan-service. Alléluia, Alléluia ! »


Ah bah, forcément. On a le droit au méchant vilain surpuissant, capable d’exploser une tasse à la tête de quelqu’un dans un restaurant surpeuplé et de partir sans payer l’addition, capable d’assommer deux personnes au marteau et de brûler des maisons, capable de retrouver une mère en moins de temps qu’il ne le faut, capable de se mouvoir tel un serpent, prendre en otage quelqu’un, puis fuir un policier (seul ?) sans laisser le temps à ce que personne ne capte un truc, capable de traficoter les voitures, de résister à une balle dans le bras, capable de conduire comme un chef et en plus de résister à moults assauts physiques. Par contre, ne le demandez pas d’être surpuissant jusqu’à la fin du film. Sans crier gare, le voilà devenu aussi stupide qu’un animal. Incapable de tuer la mère de famille, incapable de faire attention à la voiture de la mère qui le percute, incapable d’assommer la mère de famille, incapable de mettre hors-jeu un enfant, incapable de ne pas se mettre à dos la mère, incapable d’être armé mais capable de résister à travers la mort à un assaut en plein œil pour quelques secondes.


Mais pour que la catharsis fonctionne, il faut que la mère soit innocente depuis le début, pleurer quelques coups, avoir la peau moite, crier de manière hystérique, se plaindre, bref…
« Vous pensiez qu’elle était faible et vulnérable ? Bam ! Je monte ses stats, j’augmente son endurance, sa force physique, son intelligence et son sang-froid. Et voilà ! Elle défonce le méchant en deux coups de ciseaux à pot ! »


Ouah. Je me sens soulagé maintenant. Le méchant est mort et la gentille a gagné. Quelle victoire.
Eh Catharsuce ! Tu me lâches la bite !
Même les courses-poursuites n’ont aucune adrénaline car la moitié des voitures semblent modélisées en CGI. Et les accidents provoquent la mort des cascadeurs littéralement car il n’y a aucun cascadeur dans les voitures virtuelles. Ni d’êtres humains dans ce film d’ailleurs. Personne ne réagit comme il le faut. Personne ne porte d’armes aux Etats-Unis. Personne ne fait rien face à une foule d’accidents hors du commun. Alors que les médias sont focalisés 24/24 sur le moindre pet de travers lâché par Trump, un homme qui tue et pilote n’importe comment ne semble pas être en ligne de mire.


Et ma ligne continue d’être accaparée par des visiteurs en tout genres, venus détruire le film petit à petit. C’est ma mémoire cette fois-ci… Vous voulez l’écouter ? Tenez, la voilà.


« Hello everybody ! C’est moi, mémoire, déboire ! On dirait que mes petits yeux mignons ne te suffisent plus ? Je suis venu diffuser un meilleur film à l’intérieur de ton cerveau. Le premier, c’est Chute Libre, cité dans la plupart des critiques. Incroyable film ! Tu t’en souviens ? Un personnage humain, faible et déterminé à la fois. Une mère de famille qui ne porte pas de châle. Des personnages secondaires attendrissants. Un message politique plus subtil. Une musique davantage présente et atmosphérique. Une fin non cathartrique. Un monde logique et réaliste. Une photographie d’enfer. Une introduction magistrale. Une meilleure narration et des enjeux plus puissants. »


Je peux faire mon malin, mais je suis pris en otage par mon pessimisme. La rançon ? Un bon film pour me tirer de ce Réveil Capétien une bonne fois pour toutes. Mais comment faire pour déjouer les plans des robots du cinéma venus du passé pour substituer le présent avec celui d’antan ?


« Jésus-critique dit à ses sbires,
Nous sommes les films attendus
Et lorsque vous ne m’aurez plus,
Vous pouvez vous attendre au pire. »

Diegressif
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le 9 nov. 2020

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Diegressif

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