Ou comment un film peut se noyer même avec des palmes

J'ai par hasard appuyé sur la télécommande de ma télévision. La 14ème chaîne diffuse en ce moment "Entre les murs". Et il me revient en mémoire le sentiment d'imposture ressenti quand je l'ai vu la première fois il y a quelques années.


Je ne suis pas une intégriste du cinéma (ou alors à l'insu de mon plein gré). J'aime parfois quand les genres se portent les uns les autres et s'empruntent leurs codes respectifs. Pour autant, ce procédé n'est digeste que quand le réalisateur rend son spectateur complice. Mais comment continuer à aimer le cinéma quand le cinéma, de plus en plus, se déguise en docu/fiction revendiquant un réalisme là ou la démarche prend avant tout des airs de paresse ? Est-ce que j'aime les documentaires qui se la jouent "comme au cinéma" : non.


Seul la fraîcheur de certains jeunes devant la caméra sauve ce film du naufrage. Les protagonistes adultes se hissent, quant à eux, au niveau des prestations d'un casting de télé-réalités diffusées en boucle sur les chaines de la TNT. Mais rassurons nous, ce film, doté de palmes, ne risque pas la noyade financière. Racoleur dans sa forme, indigent dans son propos, répétitif dans ses procédés narratifs, pesant dans son parti pris esthétique, manquant de perspective dans sa thématique : que les âmes vagabondes comme la mienne passent leur chemin.


Le cinéma que j'aime fait des ponts narratifs entre le réel et la fiction en y ajoutant un supplément de magie. Ici je cherche encore les ponts. A croire que le réalisateur les a tous fait sauter avant d'allumer sa caméra pour se noyer dans un flot de facilité... ou presque !

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le 25 mai 2016

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