A croire que les initiations se bornent à l’adolescence ! Parce qu’encore une fois, c’est un tout jeune humain que le monde entier attend dans ce film pour régler des conflits enkystés depuis des décennies. Un ado et une dragonne. Il faut avouer que ces films à reptiles volants, Dragons, Dragons 2, Chasseurs de dragons et compagnie, contribuent à nous persuader que les hommes sont bel et bien carénés pour voler, parce qu’ils nous valent de fameuses scènes aériennes qui font passer les cavalcades à cheval ou les acrobaties en aéroplanes pour les pirouettes maladroites de morveux en couches-culottes. Mais quand même, c’est inquiétant, ce monde où l’apprentissage se bornerait à quelques sacrifices acceptés avec grâce et courage – ou insouciance, dans le cas qui nous occupe – avant de forger un être si accompli qu’il en devient immédiatement messianique. Jésus aurait peut-être gagné à laisser un journal des 18 années d’apprentissage dont la Bible ne garde pas la trace, parce qu’honnêtement, les accomplissements va-t-en-guerre des bambins de Hunger games, Twilight et autres Labyrinthe laissent un goût d’amuse-gueule mal cuit que le générique de fin ne parvient pas à faire passer pour un vrai repas bien roboratif. Ben non, tout ne se passe pas avant 18 ans, les jeunes ; après, la vie continue et devient bien plus intéressante. En prime, ici, les aventures du falot Eragon appellent à l’évidence une suite, façon franchise juteuse à l’américaine qui annonce la couleur mercantile sans la moindre vergogne. Mais bon, la facture soignée et les acteurs chevronnés de la distribution feront sans doute que je ravalerai ma mauvaise humeur pour m’installer devant, dans l’espoir de voir la saga gagner un peu en épaisseur.