Le cinéma et Pablo Escobar, c'est une longue histoire d'amour. Le cinéma et les couples glamour, c'est aussi une longue histoire d'amour (et on approche de la quinzaine cannoise). Deux raisons après tout légitimes d'aller voir sur grand écran ce énième biopic sur le baron de la drogue dans sa version Bardem-Cruz. Quid de his Paulus ? (Notamment après la bonne série "Narcos" - j'ai raté "Paradise lost"). Vraiment pas mal, des séquences fortes, mais pas du tout, du tout inoubliable.
Il manque l'angle d'attaque inédit qui aurait permis à cet "Escobar" de se distinguer des autres portraits. Bref, le film qui aurait pu se faire n'a pas eu lieu, celui centré non pas sur Escobar, mais sur Virginia Vallejo, starlette de la télé colombienne qui fut sa maîtresse. C'était pourtant ce que le cinéaste espagnol avait prévu, en partant du bouquin que Vallejo avait écrit sur son amant terrible "Loving Pablo, hating Escobar". Et Penéloppe Cruz avait les moyens d'imposer sa délicieuse cagole de fausse ingénue à l'icône colombienne. Hormis sa voix off qui court tout au long du film, son point de vue qui aurait pu éclairer l'ambiguïté fascinante du personnage n'est jamais franchement adopté. C'est en fin de compte toujours l'image officielle et fantasmée d'Escobar qui finit par envahir l'écran. Le film se déroule ainsi sans réelle surprise, mais pas non plus désagréablement, d'autant que Bardem propose (depuis qu'il l'attendait) une incarnation charnelle très convaincante d'Escobar en hippopotame bouffon et dangereux, mi-Corleone mi-Montana ("pas de la merde en sachets !!"). Première partie du film très Golden Paris-Match des années 80 ; j'ai préféré la seconde, plutôt rythmée. Dommage que le personnage de l'agent Shepard (Peter Sarsgaard) ne soit pas mieux exploité.
L'occasion de revivre au cinéma les 10 dernières années du règne du tyran colombien, faux père du peuple. Sans sortir de l'éclairage ambiant. C'est bien un film de plus sur Escobar, assez bien placé dans le Top ten.