On n’entend plus beaucoup parlé de Nicole Kidman. C’est peut-être dû au fait qu’à Hollywood, quand on est belle, on n’a pas le droit de vieillir. Kim Basinger ? Elisabeth Shue ? Julia Roberts ? Demi Moore ? René Russo ? Disparues de la circulation, ou presque, après avoir passé l’âge de miser exclusivement sur leur physique. Une question se pose alors : alors que sa carrière semble derrière elle, Nicole Kidman a-t-elle jamais vraiment eu l’occasion de jouer la comédie ? D’inventer un personnage qui ne lui ressemblait aucunement ? Si l’on jette un œil à sa filmographie, la réponse est assez décevante. "Stoker", "Paperboy" ? Probablement. "The hours" ? Case quasi-systématique du rôle à Oscar. "Eyes wide shut" ? Elle est certes chez Kubrick, mais elle ne dévoile pas vraiment ses capacités de jeu. Finalement, il semble qu’elle ait passé son temps à faire… du Nicole Kidman. "Les autres", "Invasion", "Le pacificateur"… Elle joue la femme sublime, meurtrie, blessée, vengeresse, combattant des fantômes, des envahisseurs, des terroristes ou autres individus qui lui veulent du mal mais contre lesquels elle triomphe dix minutes avant la fin du film.
Et puis il y a ce film. Réalisé en 2004, il se trouve au cœur d’une période prolifique de sa carrière. Elle tourne avec Lars von Trier et Sidney Pollack, et tente de porter une adaptation cinématographique de "Ma sorcière bien-aimée". On ne peut rien lui refuser. Alors elle s’autorise autre chose, elle se permet de sortir des sentiers battus. Non seulement elle va jouer la comédie, mais elle va aussi se moquer d’elle-même.
D’abord, elle est brune. Superficielle, carriériste, insensible… et très drôle. Le film suit son court, et elle continue de surprendre.
Et puis soudain, elle redevient Nicole Kidman. Blonde, longiligne, maquillée, parfaite. Mais ce n’est qu’un costume. Un costume de Nicole Kidman. Elle semble prendre du recul, s’interroger sur l’image qu’elle veut donner d’elle-même.
Et le film ? Excellent. Une friandise bien jouée, drôle et menée tambours battant. Un réel plaisir.