Mémoires d’un garçon bouleversé.

Pas loin d’avoir adoré. Notamment sa photo et sa reconstitution bluffante : C’est simple j’ai eu l’impression d’être au Tréport en 1985. Et ce n’est pas que lié aux morceaux de musique choisis (The Cure, Bananarama, Rod Stewart, Jeanne Mas…) ça se sent dans les fringues, sur les papiers peints, dans les expressions de langage, les coiffures etc. On y croit.


 Et j’aime beaucoup ce que dit le film sur l’amour de jeunesse et le désir de s’extirper de sa propre histoire ; C’est l’appétit de la fiction, qui est aussi celui qui anime le cinéaste quand il adapte ce bouquin, qui l’avait marqué adolescent. Comme si la possibilité d’inventer celui qu’on aime se doublait de celle d’inventer les récits qu’on aime.
Je trouve le film très fin et intelligent sur sa façon d’injecter la possibilité de la fiction et du fantasme. La simple idée de voir David voguer au secours d’Alexis sur le Calypso, révèle une vraie croyance d’écriture. Ozon désamorce ces scènes trop écrites en les replaçant dans leur contexte : Il s’agit de la plume d’un garçon, racontant ses souvenirs, les modifiant probablement au gré de son voyage introspectif.
Un moment donné, quand l’éducatrice d’Alex vient rendre visite à son professeur de français, elle lui demande de s’assurer qu’il raconte, dans son devoir, toute la vérité. Et le garçon, plus tôt ou plus tard, je ne sais plus, explique qu’il se souvient de plein de choses dans les moindres détails et que d’autres sont floues. Il me semble qu’Ozon joue habilement de ce procédé. Qu’il l’utilise aussi pour désamorcer le drame : La scène de la morgue, c’est génial.
Le film est aussi habité par des acteurs étincelants qu’ils soient connus (les mamans des garçons) ou non. Benjamin Voisin, qui joue ici David, éphèbe absolu, est une révélation. Tout le monde est parfait (Et notamment la jeune anglaise qui incarne Kate, à qui Ozon offre une place déterminante au moment où on ne l’attend plus) mais lui, il est si fort qu’il parvient à nous faire entrer dans l’obsession d’Alexis.
Voilà, à mes yeux c’est peut-être bien ce qu’Ozon a pondu de plus beau. Y a bien quelques trucs qui m’ont un peu gêné, à l’image de son refus appuyé (mais légitime) de la linéarité, mais y en a tellement qui m’ont beaucoup ému. Cette séquence dans la boite de nuit, c’est magnifique.
Pour moi, Été 85 est à Ozon ce que Plaire, aimer et courir vite est à Honoré, en gros. Il pourrait d’ailleurs en être le prélude puisque les années Sida ne sont pas encore là. C’est un grand Oui, donc.
JanosValuska
8
Écrit par

Créée

le 6 nov. 2020

Critique lue 244 fois

3 j'aime

JanosValuska

Écrit par

Critique lue 244 fois

3

D'autres avis sur Été 85

Été 85
Grimault_
4

Gaspiller le temps, en croyant l'arrêter.

Été 85 a tout de la promesse trahie. Certains espéraient découvrir un Call Me By Your Name à la française, d’autres un thriller maritime aux allures de Plein Soleil. Le nouveau film de François Ozon...

le 16 juil. 2020

86 j'aime

14

Été 85
AnneSchneider
8

« Mourir d’aimer »

On devrait le savoir, à présent : François Ozon aime les jeux de faux-semblants, de fausses pistes. Puisant dans sa découverte adolescente et émue du livre d’Aidan Chambers, « La Danse du coucou » («...

le 11 juil. 2020

65 j'aime

4

Été 85
Plume231
3

J'irai danser sur ta tombe !

Ouh là là, François Ozon encore pris en flagrant délit d'intellectualisme à deux balles pour tenter de cacher un vide incommensurable causé par une médiocrité de traitement. Scène d'introduction, ça...

le 21 févr. 2021

45 j'aime

6

Du même critique

Titane
JanosValuska
5

The messy demon.

Quand Grave est sorti il y a quatre ans, ça m’avait enthousiasmé. Non pas que le film soit  parfait, loin de là, mais ça faisait tellement de bien de voir un premier film aussi intense...

le 24 juil. 2021

31 j'aime

5

La Maison des bois
JanosValuska
10

My childhood.

J’ai cette belle sensation que le film ne me quittera jamais, qu’il est déjà bien ancré dans ma mémoire, que je me souviendrai de cette maison, ce village, ce petit garçon pour toujours. J’ai...

le 21 nov. 2014

30 j'aime

4

Le Convoi de la peur
JanosValuska
10

Ensorcelés.

Il est certain que ce n’est pas le film qui me fera aimer Star Wars. Je n’ai jamais eu de grande estime pour la saga culte alors quand j’apprends que les deux films sont sortis en même temps en salle...

le 10 déc. 2013

27 j'aime

6