Un beau film, frais, simple, superbement filmé Yasujirô Ozu. On retrouve ici le thème qui lui tenait apparemment à cœur, à savoir la recherche de l'époux pour une jeune fille moderne dans une famille traditionnelle. On retrouve ici non seulement le thème de "Printemps tardif". On y retrouve aussi le chouette sourire de l'actrice Setsuko Hara, qui devint plus tard la Greta Garbo japonaise, en disparaissant mystérieusement de la scène en 1962.
C'est toujours un plaisir de voir ce genre de film. La beauté formelle des images, l'alternance des décors occidentaux avec les intérieurs traditionnels japonais, le calme serein de ces plans fixes qui soudain entament un léger travelling (on se rappellera l'interview du cameraman de Ozu dans "Tokyo-ga" de Wim Wenders) et la façon enjouée qu'ont les acteurs de clamer leurs textes, tout en liesse et en émotion, bref tout dans ce film commande la sérénité ou la joie. Le monde de Ozu et cette famille qu'il revisite sans cesse sont un bel îlot de paix et de réflexion après les atroces années de guerre (présentes via l'absence d'un fils)...
On ne peut pas être insensible à la vie de cette famille ( tous regroupés sous le même toit ) , aux parents dignes et inquiets, au frère sympa un peu dirigiste qui a du mal à contrôler ses gosses rebelles (petit débat sur l'éducation, ici), à la jeune Noriko, qui semble prête à défendre son indépendance et refuser le mariage imposé des traditions et affronte avec un sourire invincible les piques de ses amies ou collègues mariées. La tradition du mariage arrangé pèse sur les épaules des personnages féminins du film, mais par les sourires de chacun, Ozu arrive à lui injecter la légèreté qui laissera la possibilité d'un choix à notre héroïne. Ozu semble acter la venue de mœurs différentes tout en vénérant les anciennes.Tout cela n'est pas sans une pointe de romantisme :-)
Sous la couverture du mariage, la famille est ici le vrai centre du film, avec la beauté de son unité et le crève-cœur que représente le départ des enfants et la fin du foyer initial. On remarquera aussi que dans le japon de 1960, personne ne songe à enterrer les anciens dans une foutue maison de retraite. A méditer...
J'ai beaucoup aimé, plus que "Printemps Tardif" probablement, car moins élaboré, plus sincère, et plus joyeux que ce dernier film. Ne vous privez pas de ce petit joyau.