Étreintes brisées par loval
Trois ans après « Volver », Pedro Almodóvar revient sur les écrans avec « Étreintes brisées », un drame sur fond de film noir. Complexe et alambiqué dans un premier temps, le scénario développe son histoire sur deux époques différentes, qui délimitent la tragédie mêlant Mateo, un cinéaste, et Lena, la femme de sa vie. Au-delà de son aspect technique quasi irréprochable - mis à part ces plans ''balai'' utilisés lors de certains dialogues -, le film trouve l'une de ses qualités principales dans son casting: Penélope Cruz, magnifique, irradie de par sa présence, sublimée par les plans du cinéaste espagnol.
Réalisateur cinéphile, Almodóvar abreuve plus que jamais son film de références; de la signification du titre - qui renvoie à « Voyage en Italie », un film avec Ingrid Bergman - à l'apparence de ses actrices (Cruz, habillée et coiffée comme Audrey Hepburn), le long-métrage témoigne de l'amour que porte le réalisateur envers le septième art, qui fut pour lui d'une aide salvatrice. En outre, toujours proche de la culture espagnole, le réalisateur n'hésite pas à aborder certains aspects plus critiquables, tels que le manque d'assistance sociale dans les hôpitaux.
Mais malgré toutes ses caractéristiques habituelles au cinéma d'Almodóvar, le film déçoit. S'il ne manque pas de séquences fortement émotives, il se perd en revanche dans un dédale de relations complexes, qui semblent parfois forcées. Cette exagération perturbe l'aspect naturel du long-métrage, et n'apporte rien au récit (une révélation finale qui laisse le spectateur et les personnages indifférents, c'est rare!). Enfin, le film comporte des passages à vide flagrants, certes nécessaires au déroulement de l'intrigue, mais qui manquent toutefois de conviction pour véritablement impliquer le spectateur. Sans être la pièce maîtresse du réalisateur, « Étreintes brisées » témoigne d'une sincérité, et d'un regard sur le cinéma - et sur la filmographie-même d'Almodóvar - empreint de nostalgie, qui ne laisseront pas indifférent.