Road trip initiatique

"お津波が来る。いつかきっと、みんな居なくなる" (Un raz-de-marée se prépare. Un jour j'en suis sûre, tout le monde disparaitra) – Kozue.

Film de 3h30, en noir et blanc/sépia, il y a de quoi en effrayer plus d'un. Pari risqué pour Shinji Aoyama mais pari réussi. 3h30 avec la bouche grande ouverte et les yeux écarquillés, un pur chef-d'œuvre digne d'un réalisateur en fin de carrière qui nous balance toutes ses tripes et l'expérience qu'il a acquise. Bluffé dès les premières minutes par la beauté artistique du film et l'histoire cruelle et touchante de ses personnages isolés et profondément choqués après un traumatisme commun, victimes d'une prise d'otage sanglante dans un bus.

Makoto (Koji Yakusho) le chauffeur du bus, qui a disparu depuis deux années sans laisser aucune nouvelle, revient dans son village. Il se retrouve alors accusé d'une étrange série de meurtres. Désireux de s'éloigner rapidement et cherchant un refuge tranquille, il croise sur son chemin les deux autres survivants de l'attaque du bus: Kozue et Naoki (interprétés par Aoi Miyazaki et son frère Masaru Miyazaki). Il décide de partager son expérience avec les deux enfants plongés dans un mutisme profond depuis l'incident, qui ont été lâchement abandonnés par leurs parents. Rejoints aussitôt par leur mystérieux cousin Akihiko, ils prennent la route dans un camping car pour un pèlerinage qui va leur permettre d'enfouir leur traumatisme, de se purifier, de pardonner et de se pardonner. De renaître tout simplement…

Eureka est un film à voir, une expérience à vivre, une œuvre majeure (trouvable à petit prix) à avoir dans sa ludothèque et à faire partager aux proches les moins réticents à l'idée de voir un film sans couleurs mais néanmoins resplendissant. Mention spéciale à Aoi Miyazaki qui tient ici l'un des ses premiers grands rôles, et à 13/14 ans à côté d'un Koji Yakusho des grands jours, c'est-à-dire tout le temps (étant fan de l'acteur, je ne suis peut-être pas tout à fait objectif), elle est somptueuse et n'a pas à rougir!