Hypnotique, mystérieux, malsain, attrayant, adictif.... en un mot kubrick, non ?

Bonjuor à tous,

J' adore ce réalisateur. Dire que kubrick est balèze, et énorme, tout le monde le reconnaît, si on est de bonne foi.... Bref. Tout est génial, chez lui. Mais, bizarrement, ce dernier film de Kubrick ne fait pas bcp d' émules. On met en avant le couple, en zappant tout le côté politique de l' Oeuvre.... AH.... Car, oui, il y a un côté ambigu, et très malin, entretenu, tout le long du film. Mais, c' est une oeuvre éminemment politique, et géniale !!

J'ai tardé à voir ce film ultime de Kubrick, mais quel plaisir enfin ! A nul autre pareil, comme les autres œuvres du maître, à la fois d'une originalité absolue et d'un classicisme sublime, épuré. Difficile de parler de ce cinéma je trouve, tant il est à la fois simple d'apparence, profond et pensé. Tout y contribue: le format, insolite, la fluidité extrême de la caméra, la maîtrise des travellings, des décors, du rythme, de l'attente... et l'emploi terriblement signifiant de la musique - bande son inoubliable, d'une présence parfois plus forte que celle de l'image.. L'histoire démarre dans une sorte de banalité mondaine et ennuyeuse, sur un couple apparemment "idéal". Par petites touches discrètes mais intérieurement vitriolées, Kubrick installe une ambiance de plus en plus lourde, glauque et le vernis très convenable qui entourait ses personnages se craquèle, révélant de puissantes zones d'ombre. Le trouble devient malaise, puis le malaise angoisse et le flot longtemps contenu des pulsions, des regrets, des lourdeurs quotidiennes vient tout emporter. Avec calme, onctuosité, mesure, beauté. Et cette sorte de cynisme désenchanté qui sied si bien au maître. De fantasme rêvé au fantasme vécu, de tentative d'évasion de la prison du couple au retour humiliant dans le havre gris de l'antre familial, le réalisateur ballade sa sereine tristesse sur l'histoire de ce couple qui éclate et sur les rebondissements d'une intrigue où le sexe se marie bien à la tromperie, à la trahison. Tom Cruise est bien; Nicole Kidman est parfaite, d'une crédibilité absolue: bravo! La séquence de la réunion masquée est d'anthologie, d'une étrangeté presque extraterrestre. Le masque tient une place centrale dans ce film dans lequel chacun avance caché derrière son effigie sociale et ne se révèle que dans le maelstrom des pulsions sexuelles. La vie continue finalement... mais à quel prix? par quel subterfuge? Comme ceux d'un masque, les yeux demeurent grand ouverts mais désespérément vides.

Comment résumer ce film ? Hypnotique ...ce film est véritablement Hypnotique Dernier film de Stanley Kubrick," Eyes Wide Shut" est sorti après la mort du cinéaste. Film étrange, souvent mal compris, qui se termine, et ce n’est pas anodin, sur le mot " fuck"est une oeuvre sur l’amour le sexe et fondamentalement sur le couple. Eyes Wide Shut reste le seul film de Stanley Kubrick à se pencher de manière frontale sur la thématique de l’amour. Si elle était présente en filigrane dans plusieurs de ses films , elle prend ici une place centrale. Pour la première fois également, l’amour charnel occupe le récit ... Nous voyons désormais de nombreux corps féminins entièrement nus, ( L 'univers de "Lolita "est ici bien loin )plusieurs scènes de sexe sont explicites. Si explicites d’ailleurs que le film est sorti en salles modifié, on suppose, sans l’accord de son créateur, afin de l’adoucir et ainsi éviter l’interdiction aux mineurs. C’est la première fois que le sujet de l 'une des ses oeuvres s’y prête depuis Orange Mécanique. Eyes Wide Shut a souvent été rapidement jugé sur celles-ci d 'ailleurs . Le couple est ici essentiel : si William (formidable Tom Cruise ) part dans sa nuit de dépravation, c’est parce que il s’est senti trompé moralement par la femme(Nicole Kidman ) qui était censée l’aimer totalement. Et pourtant il ne l 'a jamais été , il se sent simplement trompé parce que Alice lui a avoué avoir imaginé pouvoir coucher avec un autre homme. Cette idée ne le quitte plus, elle le rend complètement fou , il tente alors de compenser par le sexe. Néanmoins, on constatera que cette tentative est couronnée d’échecs ,il ne parviendra pas à tromper physiquement son épouse ...Avec Eyes Wide Shut, Stanley Kubrick s’amuse encore à brouiller les pistes. Le film commence tel un drame amoureux, une histoire de couple qui pourrait tourner à l’histoire d’adultère, mais cette piste est vite déjouée par le scénario. À partir du moment où il apprend le terrible secret de sa femme, à partir du moment où il s’enfonce toujours plus profondément dans le New York de la nuit et de la luxure, le film évolue vers ailleurs . La fête masquée a des allures de secte, ou plutôt de société secrète . Il ne fait guère de doutes que les hommes et femmes qui se masquent sont très riches et on les imagine , grands patrons, riches héritiers ou encore hommes politiques. Commence alors une sorte de thriller, quand le protagoniste essaie de comprendre ce qui lui arrive soudainement (menaces,etc..) Comme toujours, la musique joue un rôle essentiel dans l'articulation de l 'oeuvre . .Le titre est particulièrement bien trouvé, la fin du film représente une certaine morale de la vie : il faut garder les yeux grands fermés. .. Eyes Wide Shut a nécessité plus de 300 jours de tournage, un travail considérable donc ..L'oeuvre est simple, hypnotique ,riche . Passionnante

La premiére fois que j'ai vu ce film, il m'a laissé sur des sentiments contradictoires. Je ne savais pas trop quoi en penser. cela tient a l'ambiguïté du style kubrickien qui n'a jamais été autant manifeste, d'un côté c'est un film, a priori, évident au récit limpide et linéaire. Mais de l'autre, Kubrick ne cède jamais a la simplicité en évitant de donner toutes les clés au spectateur et en ne nous montrant que ce qu'il veut bien nous montrer, tout en faisant baigner son drame réaliste dans une atmosphère onirique a la fois ironique et oppressant. L'histoire est celle d'un couple bourgeois new yorkais a premiére vu parfaitement heureux, leur quotidien se déroule lentement rythmé par la jazz suite de Shostakovich, bien évidement cette image du bonheur conjugal n'est qu'une illusion que le récit d'un simple fantasme suffit a faire éclater. En a peine quelques minutes toutes les certitude de Bill Hartford (Tom Cruise) sur la vie, l'amour et le mariage volent en éclats suite a la confession de sa femme qui lui avoue avoir une fois songer le quitter lui et leur fille pour ne passer ne serait-ce qu'une nuit avec un autre homme. Bien que tout ceci n'est jamais été qu'un rêve l'image de sa femme avec cette homme va obsédé le docteur Hartford, s'ensuivent deux nuit d'errance dans New York ou il va être confronter a ses propres fantasmes. On a dit beaucoup de chose sur ce film, qu'il s'agissait d'un thriller érotique, si le qualificatif d'érotique est incontestable, on y chercheras vainement le thriller si ce n'est sous une forme parodique dans la seconde partie du film. On a aussi dit que c'était un film a la morale puritaine et réactionnaire, on chercheras vainement une trace de jugement morale dans la mise en scéne distancié de Kubrick, il ne s'agit pas de diabolisés la sexualité, ou de dire que c'est maaaaaaaal de tromper sa femme ou son maris. Le rapport a la sexualité est autant au cœur du dysfonctionnement et des angoisses du couple que de sa réconciliation. La réalisation Kubrickiene est comme d'habitude superbe, ses cadrages et ses travellings fluides sont une merveille, notons aussi le travail sur les couleurs a dominante rouge, bleu et jaune symboles des désirs et des angoisses qui traversent les personnages. Eyes wide shut est une superbe conclusion de l'une des plus belles filmographies de l'histoire du cinema , un film qui brouille les pistes entre rêve et réalité, et comme qui tout les films de Kubrick ne se donne pas immédiatement appelle des revisionnages, tant la richesse thématique et visuelles en renouvelle sans cesse l'interprétation.

Stanley Kubrick qualifiait Eyes Wide Shut comme étant sa meilleure réalisation. Je lui donne raison. Son dernier film est le plus grand de ses chefs-d'oeuvre: Nicole Kidman est sublime et Tom Cruise excelle, tenant incontestablement à ce jour l'un de ses plus grands rôles au cinéma. Ils incarnent tous deux à la perfection un couple fragilisé par les tentations du monde extérieur. Mais là où Eyes Wide Shut est véritablement immense, c'est au niveau de l'atmosphère perturbante et malsaine qu'il instaure: le film contient des scènes cultissimes par la tension qu'elles amènent et l'ambiance particulièrement mystérieuse qui y officie (notamment lorsque Tom Cruise vagabonde dans les rues labyrinthiques de New York, où il se sent constamment épié, ou quand il assiste à la soirée orgiaque). Du début à la fin on assiste à un spectacle remarquable, on est captivé par la tension et l'atmosphère troublante qui émanent du film, le tout accentué par des notes de piano discrètes mais stressantes, une mise en scène exceptionnelle, ainsi qu'une palette de personnages tous plus intrigants les uns que les autres. Incontestablement, Eyes Wide Shut est un chef-d'oeuvre qu'il est nécessaire de voir et revoir pour mieux le comprendre et l'apprécier....

Pourquoi ? La structure du film est caractérisée par une construction qui mêle fantasme/rêve et retour à la réalité, avec comme pivot la scène d’orgie dans le château. La première partie est constituée par la déclinaison des différents fantasmes. Il y a le rêve d’Alice, où elle se représente en position d’adultère avec plusieurs autres hommes, et cet aveu du trouble provoqué par un officier rencontré lors de vacances en famille. La durée remarquable de cette scène provoque un vertige chez Bill, qui sent les fondements idéalisés de son couple se dérober sous ses pieds. Bill veut alors chercher à être autre chose que ce pauvre mari éconduit au pied du lit. Mais le dévoilement de cette imposture provoquera un brusque retour à une condition frustrante : Bill reste sur la touche, attentiste face à son propre désir, puis sera démasqué et sommé de s’en aller du château. Dans la seconde partie du film, la magie du fantasme s’est dissipée, et laisse place à une série de faits (le pianiste qui lui avait communiqué le mot de passe de la soirée a été renvoyé chez lui, une femme présente à l’orgie a fait une overdose dans la nuit) qui viennent bousculer d’éphémères certitudes.
À ce titre, l’utilisation du fondu enchaîné est assez remarquable, car il confère au film cet aspect de dissolution du temps et des lieux propre aux rêves. Avec comme illustration pertinente de ce procédé les plans mettant en scène une multitude de personnages s’ébattant à divers endroits du château, et où le passage d’une pièce à une autre se fait en fondus, renforçant ainsi l’impression hallucinatoire de vivre quelque chose qui aurait dû rester à l’état de construction fantasmatique. L’utilisation des éclairages participe à ce sentiment de temps suspendu, de lieux indéterminés. La séquence de la soirée chez les Ziegler au début du film est emblématique de cette impression. Les deux personnages se trouvent dans la même maison et pourtant le lieu paraît si vague (avec ses éclairages très clairs et une atmosphère embrumée, de longs couloirs labyrinthiques) qu’on ne peut concevoir qu’ils puissent se croiser en situation de tentation adultérine. Par ailleurs, l’intérieur de l’appartement du couple est soumis à d’étranges lumières de couleurs bleues antiréalistes, et les rues, les bars sont éclairés de manière diffuse, soutenant l’idée de nuits d’errance, sans fin. Bill déambule dans les rues de New-York, tel un somnambule, qui à la fois rêve et est éveillé.

Et c’est ici que la mécanique du récit d’Eyes Wide Shut prend tout son sens. Fondée sur un principe de construction mêlant rêve/fantasme et réalité, autrement dit le dissimulé/caché et le familier, le film opère par surgissements successifs à la surface de la réalité de ce que l’on appelle le refoulé. Cette remontée vers la conscience est symbolisée à la fin du film par ce masque, celui porté par Bill à l’orgie, posé sur l’oreiller à côté d’Alice qui dort, et qui l’entraîne à tout avouer à sa femme sur ces aventures nocturnes. L’irruption de ce masque dans le lit du couple fait appel à cette inquiétante étrangeté, par son intrusion dans le milieu le plus familier, le plus intime : la chambre à coucher. Pourtant, ce masque est déjà un élément familier pour Bill, mais c’est le mystère de son apparition qui provoque cette angoisse caractérisant l’étrangeté. Car le masque est symbole de tout ce que Bill a caché à Alice, et fait remonter à la surface son sentiment de culpabilité. Le choix du morceau de piano intitulé Musica Ricercata II : Mesto, Rigido e Cerimonale par György Ligeti se révèle être un élément déterminant participant à cette impression d’inquiétude, avec ses notes sèches et menaçantes, conférant une ambiance lourde et étouffante....

Et le discours sur les sectes... Quelles couches sociales cela décrit-il ? Qu' y font-ils ? Cela est brillant, maîtrisé, et jouissif.

En somme, regardez ce film. Il est génialissime !!! Regardez le. C' est un ordre. Tcho. Et gloire à ce fou de Stanley Kubrick. @ +.
ClementLeroy
10
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le 19 mars 2015

Critique lue 450 fois

2 j'aime

San  Bardamu

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