Sans vouloir dénigrer injustement la plupart des critiques déjà faite pour ce film, j'ai envie de nuancer l’euphorie générale qui s'en dégage.
"Heathers" possède une bonne histoire et ose proposer quelques chose de singulier naviguant entre cynisme et nihilisme, pouvoir et humour noir.
Malheureusement, la réalisation, en utilisant d'une façon outrancière à dessein les codes en vigueur dans les séries américaines des années 90 donne une terrible impression de dater visuellement.
Les couleurs criardes et les cadrages très pauvres gâchent ainsi une multitudes de scènes intéressantes, d'autant plus que la musique, insupportable de nullité, poignarde avec cruauté tout semblant de mise en place d'atmosphère.
Enfin, le casting navigue entre franche réussite et acteurs pénibles.
Dommage, parce que le récit offre un échappatoire jubilatoire dans ce petit monde de conformisme teenager.
Cruel, le film ne s’embarrasse pas ainsi d'artifices grossiers et de fin joyeuse censée amoindrir le propos et nous apaiser.
Heathers n'est finalement qu'un contre désenchanté malsain, un lac acide troublant de perversité.
Si les dialogues laissent à désirer entre notre "couple" de héros (quel psychologie de bazar ennuyeuse), d'autres petites phrases percutantes émaillent le déroulement de l'action avec beaucoup de force.
En résumé, une curiosité qui sait offrir quelques belles scènes immondes de sociabilité ravageur mais malheureusement timorée à d'autres instants par une mise scène bancale.