En termes de mise en scène j’aime beaucoup la transformation du cinéma de Svyagintsev. Il abandonne l’influence tarkovskienne de ses premiers films, et la lourdeur soviétique des suivants. Cette fois-ci le style se tourne davantage vers la nouvelle vague du cinéma roumain. A savoir une façon très frontale de filmer des corps qui s’enlacent et se repoussent, des couples qui s’aiment et se déchirent, dans de longs plans séquences intimes. C’est beau et c’est très réussi.
Ce film-là est beaucoup plus urbain, c’est la facette glaciale et désincarnée de la Russie moderne. Le cinéaste propose, comme dans le cinéma roumain encore, une critique très noire de cette froideur émotionnelle russe en ciblant l’égoïsme de l’adulte (thème récurrent dans cette compétition cannoise donnant lieu aux films les plus désagréables). L’enfant lui est totalement négligé, il ne peut que fuir, sortir du cadre.
Le problème c’est qu’il le fait avec une telle cruauté envers ses personnages que ça me dérange. Ces derniers sont enfermés dans le cadre du cinéaste et contraints de subir son châtiment sans bénéficier d’une quelconque rédemption. Alors d’un côté c’est bien, il va au bout de son propos, mais de l’autre je n’aime pas ce processus punitif ait pour argument la disparition d’un enfant et le suspense crapoteux que ça engendre.