Disons le tout de suite, Faute d’amour est un bon film, bien mis en scène, bien photographié, bien joué, avec un scénario qui tient en haleine pendant deux heures. Malheureusement il est un peu trop théorique, muni de personnages trop stéréotypés pour convaincre totalement.


Le film nous dépeint l’état de la société russe actuelle et ce n’est pas gai à voir. L’homme et la femme qui se déchirent devant nos yeux, avant que chacun ne refasse sa vie avec un nouveau conjoint sont d’un égoïsme assez monstrueux, quoique tout à fait banal et l’on souffre pour la pauvre victime collatérale qu’est leur fils Aliocha, dont aucun des deux ne veut assumer la garde et qui n’a pas d’autre alternative que de disparaître pour qu’on s’intéresse enfin à lui.
Les recherches par l’association de bénévoles chargée de retrouver le fils disparu sont captivantes et l’on est ébahi de voir à quel point ces personnes sont impliquées, disponibles et bien organisées, tout en ne demandant aucune contrepartie. J’ai entendu dire que ces associations existaient vraiment aujourd’hui en Russie et il est donc surprenant de voir qu’il subsiste une sorte de vestige de l’ère communiste soviétique, dans la Russie moderne individualiste et capitaliste telle que nous la décrit Zviaguintsez.


Le point faible du film, à mon avis, est que le regard de l’auteur sur ses personnages est froid comme celui d’un entomologiste et que ceux-ci manquent d’humanité, au point qu’on n’éprouve guère d’empathie pour leur sort.
D’accord, la mère a eu une enfance malheureuse avec une mère qui ne l’aimait pas et elle a eu cet enfant avec un homme qu’elle n’aime plus. L’homme, qui va avoir un enfant avec sa nouvelle compagne, trouve lui aussi son fils bien encombrant et on comprend qu’il veuille s’en débarrasser. Bon pas de bol pour eux, ils sont obligés de se lancer à sa recherche et de se côtoyer l’un l’autre, alors qu’ils ne se supportent plus.
Mais pour nous spectateurs qui sommes au milieu, c’est finalement assez gênant. Certes on rit un peu quand on entend ce qu’ils s‘envoient comme amabilités, mais ils sont tellement antipathiques l’un l’autre qu’on finit par considérer qu’ils n’ont que ce qu’ils méritent.


Alors, vous me direz, mais enfin mon gros bêta, ce film est une allégorie !
Oui, bon d’accord,je ne suis pas complètement débile, j’avais bien compris. Mais, elle veut dire quoi au juste cette Allez Gorry (de la caverne) ?
La Russie actuelle manquerait d’amour parce que celle d’avant en manquait aussi, tout comme celle de demain en manquera de même et sans amour l'homme est un loup solitaire de la taïga et la femme une aurore boréale de Sibérie ?
Si une âme charitable pouvait éclairer ma lanterne sur cet obscur sujet, ce ne serait pas de refus ….


En attendant, je vous passe un petit air du temps jadis, où la Russie inspirait les rockeux décadents de l’Ouest.
https://www.youtube.com/watch?v=nS5_EQgbuLc
Et puis pendant que j’y suis, un peu de love attitude ne fera pas de mal.
https://www.youtube.com/watch?v=BR6pYICqZT0


Peace and love, mes frères et mes sœurs !

Roinron
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le 2 oct. 2017

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Roinron

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