De film en film, le cinéma distancié d’Andrey Zvyagintsev creuse l’espace qui le sépare de la société russe contemporaine. Faute d’amour n’a de russe que ses comédiens et les tentatives de rattacher l’intrigue à un contexte russe (drapeau, conflit télévisé avec l’Ukraine, etc.) ne font pas illusion longtemps. Cette technique relève de recettes désormais éculées.
Vrai film d’exportation, l’action pourrait prendre place en Australie ou au Canada que ça n’aurait aucun impact sur l’intrigue lentement déployée et qu'on devine rapidement sans issue. Dommage, car Faute d’amour jouit d’une belle mise en scène où les espaces sont remarquablement bien gérés : vues panoramiques, angles inattendus, longs travellings, changements de focales, etc.
Un style par instants écrasant et solennel trahissant un regard peu nuancé du cinéaste sur ses personnages. Faute d’amour pour eux, Andrey Zvyagintsev ne livre aucun regard durant cette critique d’une société (russe) sans humanité.
On pourra regretter aussi longtemps la très rapide disparition scénaristique et physique d’Alyosha interprété par Matvey Novikov qui, caché derrière une porte, devient soudainement et furtivement, plein cadre, l’unique acteur bouleversant de Faute d’amour.