S'il te plaît. Une histoire avec des méchants en blouson noir qui ont l'air cruel et poursuivent une fille qui leur a carotté des bijoux. Il y aurait aussi des gars qui surveillent d'autres gars en jumelle à travers leur pare-brise. Une bad girl blonde manipulatrice à l'appétit sexuel dévorant. Une good girl brune fragile qui se suicide. Des retournements de situation dans des hôtels parisiens, avec une bonne qui se fait assommer d'un coup de Magnum (le champagne). Deux créatures de rêves qui se font des bisous dans des toilettes. Un échange d'otage sur une passerelle avec la tour Eiffel en arrière-fond et une péniche qui passe en-dessous. Une scène de bagarre entre mecs à coups de queues de billard dans la salle du fond d'un club parisien, après une scène de strip-tease torride. Ha, et ces séquences que tu fais si bien, où la caméra passe d'une salle de commissariat à une salle d'interrogatoire en survolant les murs.

Ha, et surtout, raconte-moi ça à la hussarde, avec des flash-forward qui ne disent pas leur nom, histoire que je ne comprenne qu'à la fin que la moitié du film était une hallucination prémonitoire que Laura a eu dans son bain.

Alors pour ceux qui n'ont pas compris pourquoi les personnages étaient autant des stéréotypes pendant la partie centrale du film : c'est un fantasme de Laura, donc c'est normal si elle devient une sorte de vamp démoniaque assez ridicule, et si Antonio Banderas est très souvent ridicule, efféminé/castré.

La séquence finale, qui répète différemment la séquence du milieu, avec les différents éléments recombinés (le chauffeur de camion ; la fille en short et top kaki ; les deux tueurs ; le porte-palettes aux dents menaçantes ; Banderas à l'affût) est une belle métaphore sur le cinéma, qui seul peut créer cette illusion de prescience, de fausse réminiscence - par la magie du montage, tout simplement.

Bon, par contre, d'un point de vue scénaristique, cette conclusion où les deux méchants se font tuer de manière kitschissime et où la complice fait un gros clin d'oeil genre "mission accomplie" à Laura, c'est de la grosse c.nnerie.

De Palma et moi, c'est inexplicable. Quand je lis d'autres critiques, tout le monde trouve le scénario risible, les personnages ridicules, les interrogations manichéennes. Je ne vais pas faire le pédant en disant qu'il faut les clés hitchcockiennes pour comprendre. Simplement, les images ont leur propre magie. Une magie qui dit merde au réalisme, qui joue simplement sur la photogénie et le rythme.

La magie du cinéma. Elle marche encore ici, à la différence de chez Scorsese.
zardoz6704
7
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le 1 nov. 2013

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zardoz6704

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