Festen est ce qu'on peut appeler un film qui marque. Aussi bien par sa fabrication, issue du Dogme95, favorisant en gros le naturel face aux machines américaines, que par l'impression de vérité qui s'en dégage.
Durant la fête des 60 ans du paternel, un des fils va prendre la parole non pas pour montrer l'amour qu'il pourrait avoir envers son père, mais pour raconter une histoire à faire froid dans le dos, et qui va provoquer des catastrophes en chaine.
Quelque part, le film raconte aussi bien une folie qui semble régner dans cette immense maison, loin de tout, qu'une forme de lâcheté de la part des convives où peu de monde semble vraiment bouleversé par le discours du fils, pourtant à base d'inceste. Peut-être est-ce le fait d'avoir vu Festen avec plus de vingt ans d'écart, mais ça m'a rappelé la scène du banquet d'un autre film scandinave, The Square, où là aussi, il y avait une atmosphère glaciale.
Excepté l'ami anglais de la fille, tout le monde semble complètement déjanté dans cette baraque, y compris les gens de la cuisine, qui vont jusqu'à planquer les clés des invités pour les empêcher de partir. Cette bombe lâchée par le fils va agir comme de multiples déflagrations sur l'ensemble de la famille, de façon parfois sordide, mais avec cette véracité qui m'a au fond scotché.
Quand au principe du Dogme95, qui semblait être un attrape-nigaud dont même les créateurs, Lars Von Trier et Thomas Vinterberg, ont abandonné le procédé après un seul film, et qui subsistera une dizaine d'années, ça ressemble à ce que pourrait être un film fauché des années 2010, avec du grain à l'image, la caméra qui tremble sans arrêt, un format carré pour faire genre (ou montrer de manière métaphorique l'enfermement ?), je pense que ça n'est pas l'intérêt du film.
Je reconnais que Festen n'est pas un film aimable, qu'on a envie que ça se calme un peu, mais les acteurs sont très bons, et à la fin, c'est à un véritable soulagement aussi bien pour les personnages que pour nous.