Fin d'automne
7.8
Fin d'automne

Film de Yasujirō Ozu (1960)

J'essaie d'aimer le cinéma japonais, j'essaie vraiment

Pas friande de cinéma japonais, j'avais déjà été assez déçue par Notre petite soeur sorti en 2015 (très beau film mais assez vide d'un point de vue scénaristique) ; en me mettant à Fin d'automne, j'espérais donc renouer avec le 7e Art nippon à travers une expérience totalement différente. Malheureusement, je retrouve dans ce long-métrage de 1960 ces longs moments de dialogue et de contemplation pour lesquels j'éprouve fort peu d'intérêt.


Force m'est de constater que le réalisateur apporte une touche unique à ce film, en particulier par sa manière de filmer et ses plans d'ensemble qui ressemblent presque à des peintures tant le cadrage est parfait. Chacun de ses plans, tout en restant fixe, dévoile un nombre incalculable de détails qui font de la vie quotidienne japonaise ce qu'elle est à cette époque. Le tout est soutenu par un subtil jeu de couleurs et de lumière très soigné.


En tête d'affiche, Setsuko Hara, la "Greta Garbo japonaise", campe le rôle d'Akiko, veuve d'une quarantaine d'années vivant seule avec sa fille Ayako, incarnée par une Yôko Tsukasa au jeu un peu plus subtil à mes yeux que celui de la grande icône du cinéma nippon. Après une demie-heure de sourire forcé en présence des amis de son défunt mari qui souhaitent trouver un mari à sa fille, l'actrice nuance un peu plus son jeu et agit de manière plus naturelle lors de scènes plus intimistes qu'elle partage à l'écran avec Tsukasa. Le personnage d'Ayako, quatre ans plus âgé que ne l'était sa mère à son propre mariage, ne souhaite pas se marier et envisage de continuer à vivre avec cette dernière jusqu'à ce qu'elle tombe véritablement amoureuse. Les jugements vont bon train : références à son âge, rencontres arrangées, culpabilisation... tout est bon pour mettre à mal la décision de la jeune fille. Le film a une résonance d'autant plus dure que Setsuko Hara a hérité du surnom de "Vierge éternelle" dans son pays car elle ne s'est jamais mariée, le sujet n'en paraît que plus personnel (culpabiliser une jeune fille de 24 ans parce qu'elle n'est toujours pas mariée alors que l'actrice principale est célibataire et âgée de 40 ans au moment de la sortie du film). J'ai ainsi beaucoup de mal à percevoir le côté comédie du film, tout y est tellement oppressif. Les trois amis au centre de l'intrigue, par exemple, sont incroyablement antipathiques, méprisants et irrespectueux, ils font en outre preuve d'une épouvantable condescendance quand ils s'adressent aux autres. C'est finalement l'histoire de trois hommes qui devraient apprendre à se mêler de leurs affaires...


Certainement un très beau film pour les amateurs du genre, mais deux très longues heures pour ceux qui, comme moi, n'adhèrent pas à ce style. Du reste, à voir au moins pour la mise en scène qui est vraiment impeccable et pour les infimes soubresauts féministes qui ressortent ici et là en cours de visionnage.

Sylwanin
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le 5 janv. 2017

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