Pour tout t’avouer, ami-lecteur, je ne suis pas une grande fan des épopées spatiales et j’avais quelques réserves. Notamment sur l’aspect dramatique de l’aventure… Pour rappel, c’est le côté mélo mal digéré qui m’a fait abandonner la série *Away*. Surtout que le film de monsieur Chazelle dure tout de même 2h22, de quoi souffrir si *First Man* se révélait décevant.
Outre la dimension mélo, un autre aspect m’inquiétait lorsque je m’installais sur mon canapé pour visionner *First Man* : le patriotisme. Rappelons que la conquête spatiale s’inscrivait sur fond de Guerre Froide, par conséquent dans une compétition acharnée contre l’URSS. Connaissant en outre le goût du cinéma américain pour les envolées patriotiques, avec drapeau qui flotte fièrement au vent, j’avais vraiment peur que le film de monsieur Chazelle ne se révèle être qu’une ode aux USA. Mais qu’en est-il au terme des 2 h 22 minutes ?
*First Man* porte bien son titre puisqu’il s’agit bien de la trajectoire de Neil Armonstrong, pas d’un docu-fiction sur la mission Apollo 11. Damien Chazelle assume totalement cet angle en nous livrant un film qui délaisse les facilités patriotiques pour le destin d’un homme dans son intimité. La réalisation reflète complètement cette dimension avec des plans serrés où l’on peut presque mesurer les pores de l’acteur principal : Ryan Gosling.
Le film nous offre le point de vu d’Armstrong et même les missions se composent de très peu de plans larges. Dans le module lunaire, on se sent presque claustrophobe et ce choix permet, à mon avis, de jouer sur le suspens. Oui, il s’agit d’une aventure spatiale intime… La vie de famille, et de couple, tiennent une place primordiale dans l’œuvre de Chazelle. Ainsi, le réalisateur prend comme « fil conducteur », le deuil du héros et le film débute par ce dernier, quand Karen, la fille d’Armstrong, meurt. Cette perte est le premier élément qui pose une des thématiques du film : celle de la mort. La mort de la fillette, celles des collègues, celle, enfin, qui talonne de près le héros. Chaque mission, chaque vol est une prise de risques dont il peut ne jamais revenir. Ce danger n’est d’ailleurs pas sans conséquences sur la vie de famille et sur l’épouse de Neil, jouée par la très talentueuse Claire Fo.
Agréablement surprise par les choix de Damien Chazelle, j’aurais pu me laisser complètement porter par le film si le personnage de Neil Armstrong avait réussi à vraiment m’émouvoir. Je ne sais pas si c’est la psychologie du héros ou le jeu de Ryan Gosling mais je n’ai pas été totalement touchée par la douleur et les angoisses de son personnage. Une faiblesse néanmoins mineure à côté des qualités de First Man…
Pourtant, ce que je retiendrai de ce film, ce n’est pas tellement les thèmes qui y sont abordés, que ce soit celui de la mort ou du couple. Non, ce qui m’a frappée dans *First Man* c’est que le récit est patient. Alors qu’il aborde une période très longue de la vie de Neil Armonstrong (de 1961 à 1969), le réalisateur sait prendre son temps. Le rythme est lent, voir très lent, à contre-courant de beaucoup de films contemporains. Finalement, il n’y a rien d’épique dans la conquête que nous narre *First Man*, du moins pas dans le sens où on l’entend habituellement. Non, Damien Chazelle nous la montre comme laborieuse et âpre, à l’image du visage de Ryan Glosing, crispé et transpirant lorsqu’à bord d’un X-15, au début du film, il lutte pour atterrir...
Finalement, *First Man* restera pour moi une bonne surprise malgré ses quelques défauts. Un joli film qui évite la glorification vide de la mission Apollo 11… Une œuvre qui aurait pu être familiale sans son rythme un peu trop lent pour des enfants. Oui, ce biopic mérite sans aucune doute d’être vu même si, je dois bien l’avouer, il n’intégrera pas la liste de films que j’aime voir et revoir.