Au royaume du cheval blanc, le hamster en cage est roi.

Quand on parle de ce film, Ken Loach est souvent cité, ne serait-ce que pour la description d'une société anglaise. A la rigueur, on pourrait le rapprocher de très très loin avec "Sweet Sixteen", surtout dans la découverte d'une nouvelle venue, Katie Jarvis (qui joue une dénommée Mia)..

Pourtant au début, j'ai eu un peu de mal avec elle, car je la trouvais trop monocorde, à envoyer bouler sa sœur, sa mère, à mettre des coups de boule à ceux qui la cherchent, bref, j'étais pas emballé.

Ensuite débarque Connor (Michael Fassbender), qui est le énième petit ami que ramène sa mère, ce qui a le don d'exaspérer Mia. Mais, au lieu de le rejeter, elle va se rapprocher de lui, ce dernier va l'encourager dans son envie de faire du hip-hop et, surtout, d'expulser sa colère en apprenant avant tout à sourire...

Les films sur l'adolescence ont toujours quelque chose de particulier ; c'est que cette période de note vie est montrée comme de la souffrance, où tout le monde nous rejette, où l'on se sent seul (c'était aussi le cas des 400 coups...tourné en 1959 !).
Ici, c'est encore le cas, et je trouve dommage que Andrea Arnold accentue le trait à coup de symboles trop appuyés ; on peut y voir un cheval blanc enchainé, un hamster en cage, ou une chanson que va écouter Connor qui parle de la liberté, tout ça pour représenter de manière métaphorique ce que vit la jeune Mia.

Bien filmé (avec peu de caméra tremblante), et présentant une Angleterre ensoleillée, le film s'oriente peu à peu vers le drame, avec une situation à la Nabokov, où l'on assiste à un remake inversé de Lolita, et une descente aux enfers pour Mia, qui va apparaitre à la fois comme blessée et touchante, solaire et dégueulasse face à ce qu'elle va faire. On pourrait dire la même chose du personnage de Michael Fassbender.

C'est vraiment une belle réussite (d'ailleurs, le film fut primé à Cannes), et la preuve que film social ne rime pas avec film anormal. Et pourvu que Katie Jarvis continue de faire carrière au cinéma, car un tel talent à 15 ans, c'est de l'or en barre !
Boubakar
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le 24 avr. 2012

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