Je me rappelle que la première fois que j'ai vu Grease, j'ai été très déçue. J'ai trouvé l'intrigue décousue et sans intérêt, les numéros de danses potables, et au final, je me suis dit qu'on avait bien raison de ne retenir de ce film que "You're the one that I want".
J'avoue donc que je m'attendais à peu près à la même chose avec Footlose. Comme c'est un classique, et que j'adore (euphémisme) les comédies musicales, je me suis dit qu'il y avait quand même moyen de passer du bon temps et je me suis lancée.
J'ai bien fait : certes, les scènes de danse, tous comme les coiffures féminines - je ne sais pas pourquoi ce n'est pas aussi net à mes yeux chez les hommes - sont très datées, mais le propos reste universel et inaltérable.
Sous couvert d'un film sur les ados et la danse - pas du tout éculé, comme sujet - on nous sert quand même une critique du pharisaïsme dans toute sa splendeur. (Au passage, qu'est ce qu'elle m'a dérangée, cette scène où le bon pasteur permet enfin à ses ouailles d'aller danser ! Un homme au sommet qui déverse sa parole sur le bon peuple, chez moi ça s'appelle un gourou ou un homme politique).
Mais le prêtre est homme, et père : l'écueil du manichéisme est assez bien contourné (même s'il reste des meneurs d'autodafé et des petites frappes, trop minimes pour gâcher la fête).
Et puis il y a Kevin Bacon ; mais je vais éviter de m'étendre sur mes goûts de donzelle, le film vaut bien mieux que cela.
On interdit ce qui nous effraie, ce qu'on ne peut pas maîtriser ; et l'homme jugeant des autres d'après lui-même, on universalise notre propre point de vue (non, ce n'est pas du tout ce que je suis en train de faire). Si Sade révolte tant, c'est parce qu'il a osé libérer les pulsions que la plupart d'entre nous écrase au fond de soi-même.
Il n'y a pas de plus grand danseur que celui qui refuse de danser.